Pourquoi la présence d'Éric Zemmour dans "Au Tableau" pose question

Eric Zemmour dans l'émission "Au tableau" sur C8.

L'émission, déjà disponible en ligne, montre le candidat aborder la question du "grand remplacement" et de l'immigration face à des enfants.

Mettre des candidats à l'élection présidentielle face à des enfants de 8 à 12 ans. C'est le concept de l'émission "Au Tableau", dont le prochain numéro sera diffusé dimanche sur C8, et qui est déjà disponible en ligne.

Au programme, quatre candidats : Yannick Jadot, Valérie Pécresse, Fabien Roussel et Eric Zemmour. Plusieurs extraits ont déjà été partagées, notamment concernant le candidat d'extrême droite, suscitant l'indignation. Certains s'interrogeant sur l'opportunité d'inviter dans une école le candidat d'extrême droite.

"L'école, ce n'est pas du prosélytisme !"

"Ce n'est pas acceptable qu'on laisse sans contradicteur quelqu'un exposer à des enfants ses idées centrées autour de la xénophobie, le tout dans une configuration de salle de classe. C'est faire croire que l'école est un lieu de prosélytisme, alors que de n'est pas ca l'école ! On n'enseigne pas à l'école qu'il faut virer l'autre à cause de sa couleur de peau, de son origine, de son prénom !", tonne Rodrigo Arenas représentant FCPE, la fédération de parents d'élèves, qui pointe la responsabilité de la chaine de laisser un tel discours avoir lieu à l'école.

"Que les candidats évoquent des thèmes liées aux valeurs de la République, qu'ils parlent écologie, social, économie, oui, mais on ne peut pas laisser quelqu'un évoquer dans une salle de classe des théories qui sont l'inverse des valeurs de la république", s'agace le représentant des parents d'élèves.

"Les enfants sont influençables"

D'autant que, redoutent des spécialistes, un tel discours peut avoir une résonnance particulière chez les enfants présents. "Les enfants sont influençables, d'autant plus face à un responsable politique, médiatisé, qu'ils ont vu à la télévision, ce qui donne aux yeux des enfants une stature, une garantie", décrypte Catherine Verdier, psychologue-thérapeute-analyste pour enfants et adolescents.

D'autant que les propos semblent avoir déjà un écho chez les enfants. "On intervient en milieu scolaire et certains nous demandent s'ils vont devoir changer de prénom ou quitter la France. Cette émission c'est un pas de plus dans la banalisation de ses idées", déplore Dominique Sopo, président de SOS Racisme.

"Un besoin d'accompagnement de la part des enseignants"

S'il existe selon la spécialiste un risque pour les élèves en classe d'être exposée à de telles idées, le risque "semble encore plus important chez les jeunes qui y seront exposés, via la télé ou des extraits sur les réseaux sociaux. Dans la classe les enseignants savent ce que les enfants ont entendu, et peuvent faire un cours afin de mettre au clair ces idées. Chez ceux qui vont voir cela à la télé, sur les réseaux sociaux, les enseignants ne savent pas s'ils auront vu cela, et ne pourront pas en parler en cours", complète de son côté Marie Danet, psychologue clinicienne, qui reconnait toutefois que les enfants sont déjà exposés à ce genre d'idées, chez eux, ou via les médias ou les réseaux sociaux.

Face à des propos faux comme la théorie du grand remplacement, "il faut qu'il y ait un accompagnement des enseignants pour déconstruire le discours qu'ils ont entendu car ce sont des enfants en pleine construction. On peut leur raconter ce qu'on veut, si derrière on ne met pas en perspective, ils peuvent adhérer à ces idées et les retranscrire dans leur comportement", poursuit Catherine Verdier.

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SOS Racisme va saisir l'Arcom

Dominique Sopo, président de SOS Racisme, nous annonce saisir l'Arcom (ex-CSA) pour demander la mise en place à l'écran d'un bandeau pour apporter de la contradiction aux propos d'Eric Zemmour, notamment sur la théorie du grand remplacement.

Au-delà de l'exposition des enfants à des idées fausses et racistes, Marie Danet voit un autre problème à l'invitation d'Eric Zemmour face à des enfants : "inviter un homme condamné par la justice pour tenir des propos sur le même sujet, c'est une banalisation de la condamnation, ca risque de désavouer le poids la justice vis-à-vis des enfants, qui ne leur paraîtra pas plus grave qu'une menace de punition".

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