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"Pourquoi n'est-il pas puni?": l'incompréhension d'une victime de viol face à la peine jugée clémente de son agresseur

"Pourquoi n'est-il pas puni?": l'incompréhension d'une victime de viol face à la peine jugée clémente de son agresseur

Mercredi, Bamdad A., chauffeur de taxi, est ressorti libre de la cour d'Assises d'Evry-Courcouronnes (Essonne). Jugé pour une agression sexuelle et deux viols commis en 2016, cet homme a été déclaré coupable et condamné à six ans de prison, dont deux ans ferme.

Une peine qui a suscité l'indignation de Karine, 25 ans, l'une des trois victimes de Bamdad A., qui en a appelé aux médias pour que le parquet fasse appel de cette décision.

Ce vendredi matin sur BFMTV une autre victime, Samantha, est venue témoigner de la même incompréhension au moment de voir son agresseur ressortir libre.

"Lors du verdict, il y a eu deux étapes. D'abord un énorme soulagement au moment d'apprendre qu'il est coupable et que donc les victimes sont reconnues en tant que tel. En revanche je n'ai pas compris la suite du verdict. S'il est coupable, Pourquoi n'est-il pas puni?", s'interroge la jeune femme qui explique par ailleurs avoir été prise d'une crise de panique.

Lenteur de la procédure

Sur notre antenne ce vendredi, l'avocat de Samantha, Me Marc-Antoine Aimard, explique cette décision par des faits datés.

"Ils se sont commis en 2016. C'est un point important du dossier car depuis mars 2020 les peines ne sont aménageables qu'à hauteur d'une année. Mais comme les faits remontent à 2016, sa condamnation ne tombe pas sous le coup de cette nouvelle loi. Aussi, on a mis extrêmement longtemps avant d'avoir une audience. Cette lenteur de procédure a pu bénéficier à l'accusé."

En effet, selon Marc-Antoine Aimard, Bamdad A. a pu entre temps bénéficier des conseils de ses avocats. "Il s'est reconstruit en apparence. L'image qu'il a donnée au tribunal c'est celle d'un homme devenu père il y a deux ans".

Ainsi le condamné pourra effectuer sa peine sous bracelet électronique ou en semi-liberté, le temps d'un nouveau procès, le parquet ayant fait appel.

Peur des représailles

Samantha habite désormais le sud de la France qu'elle a regagné dès la fin du procès en première instance. C'est pourquoi elle ne craint pas particulièrement pour sa vie.

"Il connaît ma ville, mais il ne sait pas où j'habite. Par contre pour Karine il connaît son adresse, il a même dit qu'il était déjà retourné chez elle. Alors oui il y a cette peur de représailles surtout avec la médiatisation. Mais c'était nécessaire".

Pour l'avocat de Samantha, outre la lenteur de procédure la polémique autour de ce procès envoie un message contradictoire. "S'il y un discours médiatique clair et une mise en avant des violences faites aux femmes, la réponse judiciaire apportée ne correspond pas".

En attendant un nouveau procès, l'incompréhension règne. Egalement sur notre plateau ce vendredi matin, Karine s'est interrogée: "A quel moment ça va jouer pour nous? On ne pouvait pas faire mieux"...

Article original publié sur BFMTV.com