Pourquoi la France ne délivre plus de visas aux étudiants venant du Sahel

Le ministère de l’Enseignement supérieur temporise après la fermeture récente des services consulaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

SAHEL - L’information émane du Monde. Les arrivées en France de plusieurs étudiants du Sahel ont été annulées ces derniers jours, en raison de la situation diplomatique tendue avec les nouvelles autorités militaires du Burkina Faso, du Mali et du Niger, où les services consulaires ont été fermés.

Le quotidien national prend pour exemple le cas de deux étudiants burkinabais en lien avec des universités à Aubervilliers et Lyon, qui se sont respectivement vu refuser leur bourse d’étude et leur visa.

Le premier a notamment reçu un courriel d’un représentant du ministère des Affaires étrangères, indiquant qu’après les « événements intervenus à Niamey fin juillet, (...) la France a suspendu son aide au développement à destination du Burkina Faso, du Mali et du Niger. Cette décision concerne également les bourses de mobilité du gouvernement français, dont vous êtes bénéficiaire ».

Le « contexte sécuritaire » a conduit à une forte réduction du nombre d’agents présents dans les consulats, limitant de fait la capacité à délivrer des visas, justifie-t-on auprès du Quai d’Orsay.

« Il n’a jamais été question et il ne sera jamais question ni de faire payer les populations pour les erreurs de leurs dirigeants ni de confondre coopération scientifique et politique », ajoute l’entourage de la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, auprès du Monde.

Le ministère temporise désormais. Il assure que concernant la délivrance de nouveaux visas, la situation sera « réévaluée dans les semaines à venir à l’aune de l’évolution sécuritaire dans la région ».

L’entourage de la ministre promet encore que « les intellectuels, les chercheurs et les étudiants qui doivent se rendre en France et qui détiennent déjà un visa pourront, comme les artistes, continuer de le faire ». De leur côté, les étudiants sahéliens en cours d’étude en France pourront eux continuer à percevoir les aides financières de l’agence nationale Campus France.

La France continuera aussi d’accueillir des artistes du Sahel

Vendredi, une polémique similaire était née à propos de l’accueil en France des artistes du Sahel.

« Lorsqu’on dit qu’il n’y aura pas de visa ou qu’on annule tous les événements qui seraient faits en France avec tous les artistes venant du Burkina Faso, du Mali ou du Niger : c’est faux, ça ne se passera pas », avait affirmé Emmanuel Macron lors d’un déplacement en Côte d’Or. Il avait ajouté que « la vocation de la France, c’est d’accueillir les artistes, les intellectuels, et de pouvoir justement les faire rayonner en toute liberté ».

Jeudi, le Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles) et ses homologues (l’Aac, l’Accn, l’A-CDCN, l’ACDN et l’ASN) avaient publiquement protesté contre un message qu’ils assurent avoir reçu mercredi « en provenance des Drac », les directions régionales de la culture, et « rédigé sur instruction du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères ». « Ce message au ton comminatoire demande à nos adhérents de “suspendre, jusqu’à nouvel ordre, toute coopération avec les pays suivants : Mali, Niger, Burkina Faso” », avaient précisé ces professionnels de la culture dans un communiqué commun.

Face à la pluie de commentaires indignés qui a immédiatement suivi, d’acteurs de la culture comme de représentants du monde politique, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, avait tenté d’éteindre la polémique vendredi matin sur RTL, assurant qu’on « ne boycotte jamais d’artistes, nulle part ».

Elle a également indiqué qu’un message « clarifiant » cette directive allait être envoyé vendredi par ses services. « Il y a eu trop de confusion et, visiblement, de l’incompréhension suite à certains messages qui ont été passés », a-t-elle regretté. Mettant en avant l’impossibilité de délivrer de nouveaux visas, la ministre a précisé qu’il n’était « pas question d’arrêter d’échanger avec les artistes ». « Tous ceux qui ont déjà des visas et qui ont des tournées ou des spectacles prévus (...) vont pouvoir venir comme prévu ».

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