Pourquoi il faut absolument lire le nouveau Joyce Carol Oates

« Babysitter », le nouveau roman de Joyce Carol Oates, est sorti en octobre.  - Credit:Rogelio V. Solis/AP/SIPA / SIPA / Rogelio V. Solis/AP/SIPA
« Babysitter », le nouveau roman de Joyce Carol Oates, est sorti en octobre. - Credit:Rogelio V. Solis/AP/SIPA / SIPA / Rogelio V. Solis/AP/SIPA

« J'ai un amant… Elle rit, jubile. Elle est débordante de fierté : stupéfaite. » Nous sommes en 1977, plus d'un siècle après Madame Bovary, mais le ravissement indicible éprouvé par l'héroïne flaubertienne après sa première étreinte extraconjugale traverse Hannah Jarrett, la protagoniste de Babysitter, le nouveau roman de Joyce Carol Oates.

Dans sa maison du quartier chic de Far Hills, si loin des zones mal famées d'un Detroit sinistré par la crise industrielle, cette élégante est connue « comme épouse, mère. Bonne petite épouse, gentille maman »… Sauf que l'après-midi, elle rejoint « Y. K. » dans la chambre 6183 du Renaissance Grand Hotel. Un homme dont elle ne sait rien – pas même le nom complet. Un homme qui la met intensément, fiévreusement mal à l'aise (« Excitation sexuelle : essence du malaise »). Pendant ce temps, dans les rues de la ville rode un tueur d'enfants et d'adolescents qui séquestre ses victimes puis les abandonne dans des lieux publics, leurs vêtements soigneusement lavés et pliés à côté du cadavre. Les médias le surnomment « Babysitter », et il hante l'imagination fiévreuse d'Hannah. Tout le monde est persuadé qu'il est noir ? Pas elle : il doit être blanc, puisqu'il opère jusque dans les quartiers chics sans se faire remarquer. Et le lecteur de s'effrayer : ce « Babysitter » ne serait-il pas, justement, « Y. K. », l'amant envoûtant dont les étreintes passionnées virent bientôt à la sauvagerie sadique ?

Virtuosité de la « femme aux cent [...] Lire la suite