Policier tué à Bruxelles: hôpital, magistrat et police se défendent de tout manquement

Un camion de police sur les lieux d'une attaque au couteau ayant causé la mort d'un policier à Bruxelles, en Belgique, le 10 novembre 2022 - Kenzo TRIBOUILLARD / AFP
Un camion de police sur les lieux d'une attaque au couteau ayant causé la mort d'un policier à Bruxelles, en Belgique, le 10 novembre 2022 - Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

C'est ce qu'on appelle se renvoyer la balle. Hôpital, magistrat et police se défendent de tout manquement, deux jours après la mort d'un policier à Bruxelles. L'homme suspecté de cette attaque au couteau, Yassine M., né à Bruxelles en 1990, semble pourtant être passé entre les mailles du filet.

Il est connu de la justice (pour des faits de droit commun), fiché comme "extrémiste potentiellement violent" par l'organe belge d'analyse de la menace terroriste (Ocam). Il a également été pris en charge par les urgences psychiatriques d'un hôpital bruxellois quelques heures avant le drame.

Une enquête pour "assassinat et tentative d’assassinat dans un contexte terroriste" a été ouverte par le parquet fédéral et confiée aux services antiterroristes de la capitale belge.

L'attaque, au cours de laquelle un autre policier a été blessé, a suscité questions et protestations jusqu'au sein de la coalition gouvernementale dirigée par le Premier ministre Alexander De Croo, et provoqué la colère des syndicats de policiers, qui appellent à une manifestation à Bruxelles le 28 novembre.

• L'hôpital non informé de sa dangerosité

Les cliniques universitaires Saint-Luc se défendent bec et ongles. Cet hôpital bruxellois, qui a reçu l'assassin présumé d'un policier à Bruxelles jeudi, quelques heures avant l'attaque, a en effet assuré n'avoir "jamais été informé" par les forces de l'ordre de la dangerosité de l'homme. L'homme a donc quitté l'établissement sans faire l'objet d'une évaluation psychiatrique.

Dans un communiqué transmis à l'AFP samedi, l'hôpital a tenu à "rappeler que tout patient qui se présente aux urgences est libre de les quitter à son initiative sauf s'il s'inscrivait dans le cadre d'une surveillance policière continue, ce qui n'était pas le cas dans le cadre de cette admission". Toujours selon l'établissement, "aucune consigne n'a été donnée par les autorités compétentes".

Dans le détail, l'homme s'était présenté jeudi matin dans un commissariat à Evere. Là-bas, il profère des menaces en direction de la police, tout en demandant à être "pris en charge au niveau psychologique", selon le parquet de Bruxelles. Il avait, après avis d'un magistrat, été accompagné à l'hôpital Saint-Luc.

L'hôpital indique que Yassine M. s'est ensuite présenté au service des urgences vers 11 heures, accompagné par trois policiers, "pour une prise en charge psychologique volontaire". Après "28 minutes", il a été vu par une infirmière, selon l'établissement, qui précise que les policiers ont quitté le service des urgences "à ce moment-là sans avoir jamais informé les membres du personnel des urgences de la dangerosité de la personne".

Yassine M. a ensuite été placé "en salle d'attente pour patienter avant sa prise en charge psychiatrique", mais "une vingtaine de minutes plus tard", l'infirmière venant le chercher a constaté qu'il "avait quitté la salle d'attente et ce, de son plein gré". "L'évaluation psychiatrique n'a donc pas pu avoir lieu", souligne l'hôpital.

• La police et le magistrat coincés par leurs devoirs

En Belgique, la décision de la police interroge également. L'homme était en effet fiché comme "extrémiste potentiellement violent" par l'organe belge d'analyse de la menace terroriste (Ocam), a révélé vendredi le parquet fédéral.

La police était-elle au courant de son statut? Non, selon le média belge RTL Info. Ou du moins, pas au départ. "Les polices locales n'ont tout simplement pas accès à ce type d'informations sensibles. Ce n'est que quelques instants plus tard, lorsque la police locale contacte le magistrat de garde (comme le veut la procédure) que les policiers d'Evere sont mis au parfum du profil dangereux de Yassine M.", nous apprend RTL Info.

Mais pourquoi ne pas avoir ensuite informé la clinique? "La police locale ne peut pas divulguer des informations aussi confidentielles au personnel soignant", précise le Bourgmestre à la radio belge.

Côté justice, on se retranche aussi derrière les règles de procédure. Selon le ministre de la justice Vincent Van Quickenborne, la décision du magistrat d'envoyer Yassine M. aux urgences était bonne. Selon RTL Info, le ministre a rappelé qu'un individu qui "veut tuer des policiers, ne va a priori pas prévenir la police."

Article original publié sur BFMTV.com