Polar – La Duchess qui a bouleversé l’Amérique

Le romancier britannique Chris Whitaker, récompensé d'un Dagger Award pour Duchess, traduit chez Sonatine.   - Credit:David Calvert
Le romancier britannique Chris Whitaker, récompensé d'un Dagger Award pour Duchess, traduit chez Sonatine. - Credit:David Calvert

Comment se construire quand on n'a pas la chance d'être né du bon côté de la barrière, quand les autres ont tout raté par avance pour vous ? On s'invente. Comme Duchess. Qui démarre dans la vie avec un prénom crétin, un père inconnu, une mère alcoolique et un petit frère de 5 ans à charge. Elle a 13 ans, elle est mal fagotée, mal nourrie, dans une Californie – le fictif Cape Haven, « cap du Refuge » – où l'on dénonce volontiers le voisin qui n'a pas tondu son gazon à la bonne hauteur. Même le flic, Walk, un ami de la famille, bon à souhait, est aussi soûlard que la maman qu'il aime en secret. Alors Duchess se fabrique une dureté qu'elle tire d'un arrière-arrière-arrière-grand-père, un bandit de grand chemin, époque Far West, et devient elle-même la « hors-la-loi ». Il lui faudra bien ça lorsque l'homme qui a tué sa tante Sissy sortira de prison, après trente ans. Un faux roman noir américain – l'auteur est britannique – et une trajectoire bouleversante, celle de Duchess, adolescente lâchée dans un ciel sans bonne étoile.

Duchess, de Chris Whitaker. Traduit de l'anglais par Julie Sibony (Sonatine, 528 p., 23 €).

L'extrait qui tue :

Vous voyez quelque chose, vous levez la main.
Un mégot de cigarette, une cannette de soda, peu importe. Vous voyez quelque chose, vous levez la main.
Mais vous n'y touchez pas.
Juste, vous levez la main.
Les habitants se tenaient prêts, les pieds dans le gué. Une ligne en mouvement, vingt pas entre chaque, une centaine d'yeux rivés [...] Lire la suite