Et si la pizza n’était pas italienne ?

La question, a priori, peut paraître totalement saugrenue en une de Courrier international et elle choquera sans doute bien des Italiens. Elle n’est pourtant pas anecdotique. C’est d’ailleurs une journaliste italienne qui la pose indirectement dans le long article du Financial Times qui ouvre notre dossier cette semaine et que nous avons choisi de traduire malgré le tollé qu’il a provoqué de l’autre côté des Alpes.

“Un assaut contre la cuisine italienne”, s’est insurgé le quotidien conservateur Il Giornale, tandis que le site d’information progressiste Fanpage évoquait une “destruction des mythes” culinaires transalpins. “Une attaque surréelle, [qui ferait] sourire si elle ne comportait pas des dangers pour l’économie”, a écrit de son côté La Stampa, citant une association d’agriculteurs. Bref, le mal est fait. Le crime de lèse-traditions ne passe pas.

Il faut dire que Marianna Giusti, dans sa passionnante enquête, cite abondamment Alberto Grandi, universitaire marxiste et auteur d’un podcast culinaire à succès, qui n’a pas que des amis en Italie. “Grandi est un homme qui a consacré sa carrière à une mission : déconstruire les mythes qui entourent la gastronomie italienne”, explique la journaliste pour introduire son propos. Et c’est un petit événement : “​​C’est la première fois aujourd’hui qu’il s’adresse à la presse étrangère.”

Et que dit-il de si choquant ? Que l’origine de la pizza, des pâtes à la carbonara ou encore du parmesan, autant de plats ou de produits célébrés comme appartenant à une tradition ancienne et immuable, est en fait largement mythifiée. Que, dans la gastronomie italienne, bon nombre de routes mènent à l’Amérique. Mais que les récits des origines ont souvent volontairement été brouillés.

“Tout ça est une affaire d’identité”, explique Grandi, pour qui “la plupart des Italiens n’avaient pas entendu parler de la pizza avant les années 1950”.

Quand une communauté ne trouve plus rien à quoi s’identifier à cause d’un choc historique ou d’une rupture avec son passé, elle s’invente des traditions pour que celles-ci lui servent de mythes fondateurs.”

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