« Pinocchio » sur Netflix revisité avec brio par Guillermo Del Toro

Guillermo del Toro's Pinocchio - (Pictured) Pinocchio (voiced by Gregory Mann). Cr: Netflix © 2022
Netflix Guillermo del Toro's Pinocchio - (Pictured) Pinocchio (voiced by Gregory Mann). Cr: Netflix © 2022

CINÉMA - Les adaptations de Pinocchio se suivent mais ne se ressemblent pas. Et après la version bien trop niaise de Robert Zemeckis pour Disney+, Guillermo del Toro et son pantin de bois en stop motion pour Netflix nous ont complètement séduits. Le film d’animation de 2h s’est inspiré des illustrations de l’artiste Gris Grimly pour une adaptation plus proche de la noirceur du roman original de Collodi (1883).

Dans la version de Del Toro, le corps et le visage de Pinocchio sont asymétriques, parce que Gepetto les a sculptés lorsqu’il était ivre, déprimé depuis la mort de son fils lors d’une attaque militaire au début de la guerre. Et en plus du Criquet ou du directeur de la fête foraine, le cinéaste ajoute évidemment quelques créatures monstrueusement belles qui marquent sa filmographie avec cette fois l’Esprit de la Forêt et l’Esprit de la mort, aux ailes recouvertes de plumes et d’yeux qui clignent.

Parmi les autres différences, ce Pinocchio-là ne cherche pas absolument à devenir un petit garçon comme les autres - « quand j’étais gamin, j’avais le sentiment que le message de Pinocchio, c’était que pour être aimé, il faut nécessairement changer, ce qui me semblait inacceptable » dit le réalisateur. Et surtout, il situe son histoire à l’époque de Mussolini, ce qui amène notamment le pantin de bois à se retrouver dans un camp d’entraînement fasciste où l’on forme des enfants à se servir d’armes à feu.

« Une histoire sur un pantin avec des pantins »

« Je tenais à évoquer un monde où chacun se comporte comme une marionnette et obéit au doigt et à l’œil, et où la seule créature rebelle est une marionnette », développe Guillermo Del Toro dans les notes de production.

Si la trame du fascisme semble particulièrement adaptée au contexte politique mondial actuel, elle était toute aussi pertinente lorsqu’il a conçu le projet il y a plusieurs années. « Cela me préoccupe car c’est une chose vers laquelle l’humanité semble revenir. Le fascisme est toujours présent en arrière-plan, ou au premier plan », explique aussi à l’AFP celui qui a déjà traité la question du fascisme dans ses œuvres gothiques précédentes, L’Échine du Diable (2001) et Le Labyrinthe de Pan (2006), qui se déroulent dans l’Espagne de Franco.

Dernier et non le moindre des aspects qui nous a bluffé dès les premières secondes d’images : le choix d’une animation en stop motion, l’une des plus anciennes techniques du cinéma, qui relève de l’artisanat et consiste à prendre des photos successives de marionnettes et autres objets inanimés pour leur donner l’illusion du mouvement. Car après tout, quoi de mieux que « de mettre en scène une histoire sur un pantin avec des pantins ».

« Je pensais connaître l’histoire jusqu’à ce que Guillermo me parle de sa lecture du conte. Il a su glisser d’importants messages sur le fascisme et l’humanité dans un film résolument divertissant qui va nourrir le débat », résume Cate Blanchett, qui prête sa « voix » au singe Spazzatura (qui ne parle pas). « À mes yeux, le film parle de curiosité, d’humilité, de la fin - et de la perte - de l’innocence, de l’amour profond qui unit les êtres - et c’est aussi un vrai film d’aventures ».

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