La peur des punaises de lit subsiste même des années après une infestation

« C’est très facile d’être infesté. Et c’est très difficile de s’en débarrasser. Quand tu as compris ça, tu n’es plus jamais serein. »
Maria Korneeva / Getty Images « C’est très facile d’être infesté. Et c’est très difficile de s’en débarrasser. Quand tu as compris ça, tu n’es plus jamais serein. »

SANTÉ MENTALE - « Il m’arrive de faire des sortes de terreurs nocturnes où je me réveille en tapant mon matelas. » Après avoir bataillé pendant des mois contre des punaises de lit en 2016, Clara* dit avoir été « traumatisée ». Sept ans plus tard, traverser à nouveau cette épreuve reste une source d’angoisse. « C’est très facile d’être infesté. Et c’est très difficile de s’en débarrasser, c’est coûteux en argent et pour ta santé mentale. Quand tu as compris ça, tu n’es plus jamais serein. »

Stress, anxiété, paranoïa… Ce sont les symptômes que décrivent beaucoup de personnes qui ont été infestées par ces insectes, dont les signalements affluent ces dernières semaines en France. Et même après s’en être complètement débarrassé, parfois depuis des années, le stress d’y être à nouveau confronté perdure.

Jennifer, mère de huit enfants, a elle aussi lutté pendant des mois contre les punaises de lit. Un an après, elle ne s’en remet pas : « Tous les soirs, je vérifie les lits de mes enfants quand ils dorment avec ma lampe torche. C’est vraiment une hantise avec laquelle on vit. »

Prendre ses précautions

Ce stress entraîne parfois une paranoïa. Le moindre insecte et la moindre piqûre – sur soi ou une tierce personne – deviennent suspects. Et si le doute persiste, certains n’hésitent pas à faire à nouveau appel à des professionnels.

Clara a investi dans du matériel pour prévenir l’apparition de punaises chez elle, pour ses logements suivants. Sept ans après son infestation, elle a « encore de la terre de diatomée [un biocide efficace contre les punaises de lit, ndlr] dans [son] placard », nous glisse-t-elle.

Après s’être débattue avec des punaises de lit il y a une dizaine d’années, Sophie* a elle aussi investi, mais dans un générateur de vapeur sèche « à 750 euros », qu’elle utilise notamment pour traiter sa valise à chaque retour de voyage. « C’était cher mais c’était le prix de ma tranquillité d’esprit », explique-t-elle. Si elle assure ne plus vivre dans l’angoisse au quotidien, elle reconnaît adapter son comportement quand elle a des suspicions. Comme en ce moment, où elle évite le cinéma ou de s’asseoir dans le métro parisien.

« Ça me prend du temps, mais ça me rassure de faire ça »

De son côté, Jennifer a fait une croix sur le cinéma. Celle qui vit dans une petite ville d’Ardèche donne aussi des consignes à ses enfants : « Je leur demande de ne pas s’asseoir n’importe où dans les transports, de ne pas poser leurs vestes. »

À la maison, elle lave encore ses habits et ceux de ses enfants à 60 degrés et nettoie les canapés et les matelas à la machine à vapeur : « Ça me prend du temps, mais ça me rassure de faire ça. Je me dis que je sauve peut-être ma famille. »

Les punaises de lit ont aussi eu un impact sur sa vie sociale. Jennifer évite d’aller chez certains amis qui « récupèrent du mobilier dans la rue ou qu’on leur donne ». Elle rend plus facilement visite aux personnes qui achètent leurs meubles neufs, mais même chez elles, elle confie « s’asseoir seulement sur les chaises » et éviter canapés et fauteuils.

L’actualité fait ressurgir l’angoisse

Quid des nombreux signalements actuels de punaises de lit ? « Avant, j’étais si traumatisée que je ne pouvais pas voir de photos. Qu’on en parle aujourd’hui, qu’on diffuse des photos partout, c’est un peu dur. Je ne suis jamais sereine, même si c’est vivable », confie Clara.

Malgré l’angoisse, Jennifer ne rate pas une miette de l’actualité pour « savoir s’il y a des nouvelles consignes ou si le gouvernement essaye quelque chose… Ça me fait peur mais je préfère me tenir informée. » Au risque de voir son stress augmenter.

L’actualité a également un impact sur Charlotte, qui s’est débarrassé des punaises de lit il y a cinq ans, lorsqu’elle vivait encore chez ses parents. Les nombreux témoignages qui affluent ces dernières semaines la rendent « un peu parano ». Ne voulant pas revivre une infestation, elle stresse lorsqu’elle reçoit des invités : « J’ai peur qu’ils en ramènent chez moi, mais je ne peux pas non plus leur demander de se déshabiller sur le palier… »

C’est pourtant ce que Sophie a fait, à son ex-compagnon, lorsque ce dernier s’est présenté chez elle avec deux ou trois piqûres, il y a quelques années. « Je l’ai forcé à se déshabiller dans l’entrée et à mettre ses habits dans un sac plastique. C’était en hiver, il faisait deux ou trois degrés dehors. Je lui ai donné une couverture », raconte-t-elle. « Il m’en a pas mal voulu… Mais ça ne l’a pas totalement refroidi puisqu’on a emménagé ensemble après. » Comme quoi, Charlotte ne devrait pas se retenir.

*Ces prénoms ont été modifiés

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