Quand la paternité d’un tableau fait scandale

Le Pasteur patinant, conservé à la National Gallery of Scotland.  - Credit:National Gallery of Scotland
Le Pasteur patinant, conservé à la National Gallery of Scotland. - Credit:National Gallery of Scotland

Écosse, 2005. L'historien de l'art Stephen Lloyd publie un article qui fait un tollé. De la presse jusqu'au Parlement, tout le monde est indigné. La raison ? Pour Lloyd, le tableau Le Pasteur patinant, conservé à la National Gallery of Scotland et non signé, ne serait pas l'œuvre d'un artiste écossais… mais français ! Jusqu'alors, le doute n'était pas permis : c'était un certain Henry Raeburn qui a représenté un homme d'Église en train de glisser avec élégance sur un lac gelé. Avec ses bras croisés, ses patins aux nœuds roses et sa jambe levée en arrière, le sportif pasteur est à la pointe des techniques de patinage du XVIIIe siècle.

Seulement voilà, Raeburn a plutôt l'habitude de peindre des portraits de personnages assis, dans des formats plus imposants. C'est ce qui gêne l'historien Stephen Lloyd : ce tableau ressemble davantage aux productions de l'artiste français Henri-Pierre Danloux, présent en Écosse à l'époque.

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À gauche : Henry Raeburn, Portrait de mademoiselle Eleanor Urquhart, 1793, huile sur toile, 75 x 62 cm, National Gallery of Art, Washington D.C.
À droite : Henri-Pierre Danloux, Portrait de Henry John Lambert, 1800, huile sur toile, 141 x 118 cm, collection privée.

Symbole de l'Écosse libre et moderne

Mais pour les Écossais, ce changement d'attribution est un scandale. En effet, l'œuvre est considérée comme un trésor national et souvent utilisée sur des affiches et des timbres. Avec le temps, le pieux patineur est devenu une sorte de symbole [...] Lire la suite