Le passé trouble d'un député RN, cadre d'un mouvement raciste et islamophobe

Avant d'être député RN, Grégoire de Fournas aurait activement milité pour le mouvement raciste et islamophobe Bloc identitaire.

Gregoire de Fournas, député RN, ici à l'Assemblée Nationale en février 2023 (Ludovic MARIN / AFP).
Gregoire de Fournas, député RN, ici à l'Assemblée Nationale en février 2023 (Ludovic MARIN / AFP).

"Qu’il retourne en Afrique !" avait-il crié dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, il y a un an. La sortie du député RN Grégoire de Fournas, en pleine intervention de son confrère LFI Carlos Martens Bilongo, avait marqué les esprits. Le membre du Rassemblement National, qui n'a pas présenté d'excuses, avait été temporairement exclu.

Un point noir loin d'être le seul dans la carrière du Girondin de 38 ans. Le média La Horde révélait ce jeudi 26 octobre une enquête sur le passé de Grégoire de Fournas. Avant d'être élu député RN de Gironde en juin 2022, il aurait ainsi été membre du Bloc identitaire.

Une "soupe au cochon" et des pancartes islamophobes

Dissous en 2021 alors qu'il avait évolué en "Génération identitaire", ce mouvement politique d'extrême droite radicale s'opposait, entre autres, au prétendu "grand remplacement" et avait en ligne de mire l'islam et l'immigration extra-européenne. Des thèmes souvent repris dans les tweets de Grégoire de Fournas.

Lors de plusieurs actions de la section girondine de Bloc identitaire, citées par le site La Horde, on retrouve un certain viticulteur de 25 ans à l'époque, originaire de Pauillac et héritier du vignoble médocain familial : Grégoire de Fournas.

En 2010, le député lepéniste tractait pour le groupuscule d’extrême droite, familier des manifestations anti-mariage gay et anti-avortement. Mais la même année, il apparaît également sur une photo où il est accompagné de collègues militants portant un voile intégral, tenant alors une pancarte sur laquelle on lit : "Si vous ne voulez pas finir comme moi, rejoignez les Identitaires !"

Le Bloc identitaire d'Aquitaine s'en prend aussi aux sans-papiers : ils vandalisent le Mur des Expulsés, une fresque rendant hommage aux familles expulsées, et organisent une "soupe au cochon", lors de laquelle ils distribuent aux sans-abri un repas discriminatoire pour les musulmans et juifs pratiquants. À l'époque, Grégoire de Fournas écope d'une amende de quelques centaines d’euros.

D'anciens collègues identitaires

Le RN - encore Front National à l'époque - ne pouvait pas ignorer le passé identitaire de Grégoire de Fournas, explique La Horde. En effet, le parti de Marine Le Pen, manquant alors de membres dans sa section girondine, aurait été puiser des militants chez les Identitaires. Parmi eux : Grégoire de Fournas, qui a depuis tendu des mains à ses anciens collègues.

Aussi, en 2021, faisait-il de Stéphane Bouléris, ancien trésorier du Bloc identitaire aquitain, son suppléant aux élections départementales. Un autre devient son collaborateur parlementaire : il s’agit de Nicolas Goury, membre de la section rouennaise de Génération Identitaire nommée "Vague normande".

Interrogé, le Rassemblement National ne veut pas évoquer d’accointances avec les Identitaires. Au sujet de Grégoire de Fournas, l’entourage de Jordan Bardella, l’actuel président du RN, entérine la question : "C’est totalement un non-sujet pour nous" puisque leur élu fait désormais "de la politique sérieuse", évoque-t-il au Monde.

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