De part et d’autre de l’océan Atlantique, des fourmis cultivent des champignons

On connaît une cinquantaine d’espèces de fourmis coupe-feuille qui ont noué un partenariat avec des champignons, les élevant pour s’en nourrir et les nourrissant avec les petits bouts de verdure qu’elles ramassent. Jusqu’à présent, ce type de partenariat n’avait été observé que dans les régions chaudes du continent américain.

Mais voilà que de l’autre côté de l’océan Atlantique, au Cameroun, une équipe de scientifiques a observé des fourmis pratiquant le même genre de culture. Ils partagent leur découverte dans la revue Ecology and Evolution. “Les résultats suggèrent que cette relation complexe entre fourmis et champignons a évolué indépendamment au moins deux fois”, note New Scientist.

“Je ne pense pas que qui que ce soit s’attendait à ce que la culture de champignons par les fourmis ait évolué de manière indépendante dans une autre région, s’enthousiasme Corrie Moreau, de l’université Cornell de New York, qui n’a pas participé à l’étude. C’est tellement inattendu et excitant !”

Renforcement des structures

Néanmoins, notent les auteurs, il existe des différences notables entre les fourmis éleveuses de champignons américaines et leurs consœurs africaines. Outre leur origine géographique éloignée, elles appartiennent à des tribus de fourmis distinctes au sein la sous-famille des Myrmicinae (Attini en Amérique, Crematogastrini en Afrique). Mais c’est surtout la nature du partenariat qui les distingue.

Sur le continent américain, les fourmis coupe-feuille Attini cultivent des Agaricaceae pour se nourrir, tandis qu’au Cameroun Crematogaster clariventris cultive des Capnodiales pour consolider leur nid afin de le rendre résistant aux pluies torrentielles. Et même une fois que les champignons sont morts, les fils fongiques laissés dans les murs contribuent à renforcer la construction.

Alain Dejean, entomologiste à l’université Paul-Sabatier à Toulouse, premier auteur de l’étude, suppose que les fourmis Azteca d’Amérique centrale et du sud utilisent aussi des champignons pour leurs constructions. Ce que confirme Corrie Moreau. Pour elle, “l’évolution répétée de comportements complexes [chez les fourmis] est probablement beaucoup plus courante que nous ne le pensons.” Reste à découvrir où se trouvent les autres populations de fourmis éleveuses de champignons et à comprendre le type de partenariat qu’elles ont noué avec eux.

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