Le Parlement européen refuse de valider les comptes de Frontex

Le Parlement européen refuse de valider les comptes de Frontex

Le Parlement européen a rejeté l'octroi de la décharge budgétaire pour l'année 2020 à Frontex, l'agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes.

La chambre s'est divisée sur le vote, avec 345 députés contre l'octroi de la décharge et 284 en faveur. Parmi les opposés, on trouve des groupes politiques de gauche, très critiques sur le comportement de l'agence ces dernières années.

"Nous voyons très clairement qu'il y a une situation inacceptable aux frontières extérieures de l'UE et Frontex en avait connaissance. Il y a eu des refoulements, ce qui a été prouvé, et nous pensons que l'on n'a pas fait assez pour contrer ces agissements", affirme Terry Reintke, co-présidente allemande des Verts/ALE.

Quelques jours avant le vote, le texte intégral d'un rapport de l'OLAF, l'Office européen de lutte antifraude, a été divulgué à la presse, montrant que des fonctionnaires de Frontex ont évité des cas flagrants de violations des droits de l'homme aux frontières, qu'ils ont menti à la Commission européenne et au Parlement et, qu'au moins dans un cas, ils ont ignoré un bateau en détresse en mer. Ce rapport a poussé l'ancien directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, à démissionner en avril dernier, mais pour plusieurs députés européens, ce n'était pas suffisant.

Malin Björk, députée européenne suédoise de la Gauche déclare : "Bien sûr, le directeur et la direction de Frontex ont un grand rôle à jouer, mais aussi le conseil d'administration où tous les Etats membres sont représentés, ils doivent prendre un rôle beaucoup plus important ainsi que la Commission européenne. C'est donc le message que nous voulons faire passer. Frontex est censé être un soutien pour les États membres, mais il est également censé défendre l'État de droit et le respect du droit européen et ne pas être complice des violations des droits de l'homme. C'est faire le contraire de ce que cette agence a été créée pour faire".

D'autre part, les politiciens des partis de droite défendent le rôle de Frontex dans la protection des frontières de l'UE et la lutte contre l'immigration clandestine.

"Actuellement, nous devons donc renforcer notre agence sur les frontières extérieures, nous sommes du côté des agents qui font le travail pour protéger nos frontières, notamment Frontex", estime Manfred Weber Président allemand du PPE.

La résolution soumise au vote demande à Frontex de suspendre son soutien aux opérations de retour menées par les autorités hongroises, ainsi qu'une meilleure surveillance des éventuelles violations des droits de l'homme aux frontières gréco-turques.