Le parc éolien de Saint-Nazaire inauguré par Macron doit lancer la France dans le grand bain

The jack-up vessel

SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP

Emmanuel Macron inaugure le premier parc éolien en mer français, à Saint-Nazaire, ce jeudi 22 septembre.

ÉNERGIE - Coup d’accélérateur. Emmanuel Macron inaugure ce jeudi 22 septembre le premier parc éolien en mer au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Le gouvernement assure qu’il sera le premier d’une longue série, alors que le déploiement d’énergies renouvelables est nécessaire face à la crise énergétique.

Le mot d’ordre : renforcer la « souveraineté énergétique » de la France, en pleine envolée des prix des hydrocarbures et face aux risques de pénurie liés à la guerre en Ukraine, et réduire le gros retard du pays dans les renouvelables par rapport à ses voisins.

Le chef de l’État se rendra en bateau dans la matinée sur le site de 80 éoliennes, déployées de 12 à 20 km des côtes du Pouliguen et du Croisic. Le parc, exploité par EDF, entrera complètement en service d’ici la fin de l’année. D’une puissance de 480 mégawatts (MW), il sera capable d’alimenter 700 000 personnes.

Miser sur l’éolien en mer pour rattraper son retard

Le gouvernement se sait en effet en retard sur le sujet des énergies renouvelables, et particulièrement du côté de l’éolien. Aujourd’hui, il faut en moyenne dix ans pour qu’un site offshore entre en service en France, contre cinq en Allemagne, six au Royaume-Uni. Pour l’éolien terrestre, c’est sept ans, deux fois plus qu’en Espagne ou en Allemagne, et le photovoltaïque n’est guère mieux loti.

Le pays est largement à la traine sur l’objectif qu’il s’est fixé dans la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), rappelle nos confrères du Monde. Défini à 24,3 GW d’ici fin 2023, la France n’a atteint que les 20 GW, selon le ministère de la transition écologique. Et cette progression tient pour beaucoup à ce premier parc éolien.

En revanche, la montée en puissance de l’éolien en mer se fera d’ici les prochaines années. Le nucléaire, qui recouvre plus des trois-quarts du mix énergétique français, tend de plus en plus à être épaulé par les énergies éoliennes. D’autant plus qu’avec la sécheresse, la moitié des centrales sont à l’arrêt depuis cet été, explique Jérémy Simon, délégué général adjoint du Syndicat des énergies renouvelables pour le quotidien Ouest France : « L’éolien marin arrive donc avec un nouveau potentiel de puissance très fort. Après Saint-Nazaire, un nouveau parc sera mis en service chaque année. »

Le « en même temps » d’Emmanuel Macron

Lors de sa campagne présidentielle, le président candidat avait annoncé le 10 février à Belfort, un objectif d’une cinquantaine de parcs d’ici 2050 pour une capacité de 40 gigawatts. À ce jour, sept parcs ont été attribués à des opérateurs : après Saint-Nazaire, la construction a commencé à Saint-Brieuc, objet de frictions avec les pêcheurs, Courseulles-sur-Mer et Fécamp. Pour la suite, d’autres appels d’offres ont été lancés, dont deux en Méditerranée. À Oléron, des recours ont été déposés pour repousser le projet plus au large.

Le chef de l’État a, en revanche, mis le frein sur l’éolien terrestre, avec un doublement de la capacité actuelle non plus sur 10 mais 30 ans. Il a aussi annoncé la relance du nucléaire avec la construction de six réacteurs EPR2 à l’horizon 2035, et une multiplication par dix de la puissance solaire installée d’ici 2050.

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Un texte qui donne des sueurs froides à l’extrême droite

Au-delà de l’aspect énergétique, Emmanuel Macron est déterminé à garder un cap réformateur en ce début de second quinquennat et entend donner des gages écologiques. Le président qui visitera aussi les Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, y développera les grands axes du projet de loi d’« accélération des énergies renouvelables », qui sera présenté ce lundi 26 septembre en Conseil des ministres.

Le texte vise à raccourcir les délais de réalisation des projets en simplifiant les procédures administratives et en limitant la durée d’examen des recours déposés par les défenseurs de l’environnement, les pêcheurs et les riverains.

L’examen du texte s’annonce toutefois difficile à l’Assemblée nationale, en l’absence de majorité absolue et face à une extrême droite et certains élus de droite vent debout contre l’éolien. Lors de la campagne présidentielle, la candidate RN Marine Le Pen avait réclamé l’arrêt des projets et le démantèlement progressif des sites existants.

France Énergie Éolienne pour sa part juge que ce texte peut contribuer, à terme, à installer les renouvelables dans le paysage, notamment en actant une réduction de facture électrique pour les riverains des parcs, ou en planifiant l’éolien en mer par façade maritime pour une vision de plus long terme.

Dans un contexte d’approvisionnement électrique tendu et d’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire, éolien, solaire et méthanisation seront jusqu’en 2025 « les seuls moyens pour produire des mégawattheures en plus », plaident leurs représentants.

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