Les pandémies ne sont pas inéluctables

Alors que l'OMS a déclenché le 24 juillet 2022 son niveau d'alerte maximale contre la variole du singe, la destruction des forêts jette des animaux chargés de virus au contact des hommes : 62 scientifiques sonnent le tocsin et indiquent les remèdes. Entretien avec Marie-Monique Robin, cinéaste, est l’auteure de « La fabrique des pandémies ».

Paris Match. Vous avez pu interviewer les plus éminents scientifiques mondiaux. Ils ressentent l’urgence de parler ?
Marie-Monique Robin . Ils sont très inquiets. Ils étudient l’écologie des maladies sous des angles différents, virologie, parasitologie, épidémiologie, zoologie… Beaucoup ont suivi des compléments de formation, ont refait un doctorat par exemple. Ils disent qu’on est entrés dans une ère de confinement chronique. On va désormais se déplacer avec un masque dans son sac. Ils sont angoissés pour leurs enfants, leurs petits-enfants.

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Certaines de leurs études font peur. Ont-ils à cœur de révéler au grand jour leurs terribles découvertes ?
Ils ne sont pas lanceurs d’alerte. Donc, ils avaient au départ une grande réticence à parler, car on exige d’eux des preuves ultimes qu’ils n’auront jamais. Mais ils ont mis au jour des mécanismes ignorés : l’effet dilution, notamment, montre combien une grande biodiversité dans une forêt tropicale, ou dans l’écosystème, maintient “à bas bruit” tout le risque infectieux. Les prédateurs se nourrissent des rongeurs porteurs de certains virus ; c’est une chaîne. Quand vous déséquilibrez le système avec la déforestation, les grands prédateurs disparaissent les premiers, par exemple ceux qui mangeaient les rats et les souris à pattes blanches, vecteurs de la maladie de Lyme aux Etats-Unis via les tiques. [En France, la maladie de Lyme est liée au campagnol.] Ce mécanisme est prouvé, démontré.

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Le risque infectieux semble donc le résultat d’une contamination en cascade…
Oui. Un virus infectieux est transmis par les rongeurs, principaux réservoirs de pathogènes. Les rongeurs, ce(...)


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