<p>«Chronique L'air du temps»</p> - Salman Rushdie : sang versets

La chronique hebdomadaire de Gilles Martin-Chauffier : au nom de Rushdie, relisons son joyeux roman qui a déchaîné la furie intégriste !

« Cet été, je vais relire Proust. » Parmi les ridicules des premiers de cordée qui gouvernent ce pays, il y a cette manie de « relire ». Sur la plage, ils n’emportent pas Stephen King comme tout le monde. Ils renouent avec les classiques. Comme si une deuxième lecture leur offrait une particule. Ils doivent penser que ça fait jeune homme ou jeune femme formés dans les beaux quartiers et abonnés aux mercredis de la Comédie-Française. Pendant des années, cet anoblissement m’a été interdit. Critique littéraire du journal, j’étais prié de m’atteler à la rentrée littéraire. Un travail de Romain. Merci les éditeurs qui publient n’importe quoi ! « Les liaisons dangereuses », « Le neveu de Rameau », les fables de La Fontaine, les lettres de Mme de Sévigné et « L’ami de passage » de Christopher Isherwood doivent être les seuls livres que j’ai lus plus de quatre ou cinq fois. Avec « Robinson Crusoé », bien sûr, le roman des romans.

Pour cette grande première, le 7 août, dès le pied posé à l’Île-aux-Moines, j’ai donc choisi un de mes meilleurs souvenirs : « La chartreuse de Parme ». Ouille, ouille, ouille… Que c’est long ! Dire qu’à 16 ans, je sifflais ces monuments comme des canettes de Coca. On sent vite qu’en 1840, les soirées n’en finissaient pas. Ni cinéma ni Netflix… La Sanseverina, c’était la Romy Schneider de l’époque. Et le jeune Fabrice avait les traits de Delon dans « Le guépard ». Je ne parle pas du comte Mosca, respecté comme Mario Draghi et scellé au pouvoir comme la Merkel. Le charme opère toujours : l’écriture n’a pas pris une ride, rien n’est « posé », ni littéraire. Du pur romantisme à la française : Mosca aime la duchesse qui aime Fabrice qui aime Clélia qui en épouse un autre. Franchement Proust n’a rien(...)


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