Ouganda : ce que l’on sait sur le massacre jihadiste dans un lycée à Mpondwe

Les forces de sécurité ougandaises, ici sur les lieux de l’attaque d’une école à Mpondwe, le 17 juin 2023.
Les forces de sécurité ougandaises, ici sur les lieux de l’attaque d’une école à Mpondwe, le 17 juin 2023.

OUGANDA - Des familles éplorées se préparaient ce dimanche 18 juin à enterrer leurs morts dans l’ouest de l’Ouganda, tandis que d’autres recherchent encore désespérément des proches portés disparus.

Le HuffPost fait le point après le raid jihadiste dans un lycée qui a causé la mort atroce de plusieurs dizaines d’étudiants, dans la nuit de vendredi 16 à samedi 17 juin.

• Que s’est-il passé dans la nuit de vendredi à samedi en Ouganda ?

Au moins 41 personnes ont été tuées cette nuit-là, majoritairement des étudiants, dans une attaque, la pire de ce type perpétrée dans le pays depuis 2010. Les victimes ont été attaquées à coups de machettes, abattues par balles ou brûlées vives lors du raid.

L’assaut a visé le lycée Lhubiriha à Mpondwe, près de la frontière avec la République démocratique du Congo.

Les assaillants ont ensuite fui vers le parc des Virunga situé en territoire congolais, enlevant également six personnes après leur raid meurtrier, selon l’armée et la police ougandaise qui ont promis de libérer ces otages.

Quinze autres membres de la communauté, dont cinq filles, sont toujours portés disparus, a déclaré Eriphaz Muhindi, président du district de Kasese, qui partage une longue frontière boisée avec la RD Congo.

• Qui sont les assaillants de ce raid ?

Des responsables de l’armée et de la police ougandaise ont incriminé des membres des Forces démocratiques alliées (ADF), une milice islamiste qui a prêté allégeance au groupe État islamique.

L’armée va traquer « ces personnes diaboliques et elles vont payer pour ce qu’elles ont fait », a déclaré samedi Janet Museveni, la Première dame ougandaise et ministre de l’Éducation.

• Qui sont les personnes tuées dans ce raid ?

Dix-sept étudiants ont été brûlés dans leur dortoir, totalement détruit par un incendie, et 20 étudiantes ont été tuées à coups de couteau, selon Janet Museveni.

Des témoins ont déclaré que les étudiants avaient verrouillé leur porte lorsqu’ils ont entendu des coups de feu.

Vingt étudiantes ont tenté de s’échapper mais ont toutes été tuées à coups de machette.

Un agent de sécurité et trois autres personnes ont également été tués, ont indiqué des responsables.

• Pourquoi toutes les victimes n’ont pu être encore identifiées ?

Dix-sept victimes ont été brûlées au-delà de toute reconnaissance possible lorsque les assaillants ont incendié un dortoir verrouillé dans le lycée, compliquant l’identification des victimes et le décompte des personnes disparues.

Eriphaz Muhindi a déclaré que des tests ADN doivent être réalisés sur ces victimes, un processus qui pourrait prendre un certain temps. « C’est une grande douleur pour leurs familles », a-t-il déclaré à l’AFP.

D’autres familles désespérées d’avoir des nouvelles ont attendu toute la nuit dans le froid devant une morgue à Bwera, une ville proche du lieu de l’attaque.

• Quelles sont les réactions internationales ?

L’Union africaine, la France et les États-Unis, proches alliés de l’Ouganda, ont présenté leurs condoléances et condamné cette effusion de sang.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a qualifié cette attaque « d’effroyable », déclarant que « les responsables de cet acte effroyable doivent être jugés ».

Le pape François a prié ce dimanche « pour les jeunes étudiants victimes » de cette « attaque brutale » qui a choqué l’Ouganda et suscité de vives condamnations internationales.

• Comment les assaillants ont-ils pu mener cette attaque ?

Des questions ont été soulevées sur la façon dont les assaillants ont réussi à déjouer la surveillance dans une région frontalière où règne une forte présence militaire.

Le lycée se trouve à moins de deux kilomètres de la frontière avec la RD Congo, où les ADF sont actives et sont accusées d’avoir tué des milliers de civils depuis les années 1990.

Le général de division Dick Olum a déclaré samedi à l’AFP que les services de renseignement ont signalé une présence des ADF dans la région au moins deux jours avant l’attaque, soulignant la nécessité d’ouvrir une enquête. Selon cet officier, les assaillants avaient des informations détaillées sur l’école.

L’Ouganda et la RD Congo ont lancé une offensive conjointe en 2021 pour chasser les ADF de leurs bastions congolais, mais ces opérations n’ont jusqu’à présent pas permis de mettre fin aux attaques du groupe.

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