Les Oscars 2024 ont (encore) manqué l’occasion d’être plus qu’une soirée glamour

La cérémonie des Oscars 2024 a commencé avec du retard suite à une manifestation de soutien à la Palestine, que Jimmy Kimmel s’est bien gardé d’évoquer.
Gina Ferazzi / Los Angeles Times via Getty Images / Al Seib / AMPAS / AFP La cérémonie des Oscars 2024 a commencé avec du retard suite à une manifestation de soutien à la Palestine, que Jimmy Kimmel s’est bien gardé d’évoquer.

CINÉMA - La cérémonie des Oscars 2024 était aussi lisse que les statuettes dorées distribuées pendant la soirée. Cela n’a rien de surprenant — la grande messe du cinéma hollywoodien n’a pas pour habitude de bousculer les codes — mais certaines actualités auraient mérité de ne pas être survolées, voire complètement ignorées.

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Le comédien et présentateur américain Jimmy Kimmel animait les Oscars pour la quatrième fois. Hormis un tacle bien senti à Donald Trump et Gérard Depardieu, ses blagues sont restées très policées. L’animateur a évoqué la grève à Hollywood, un sujet concernant pour le public, mais ne s’est pas aventuré à parler de l’éléphant dans la pièce : la situation dramatique à Gaza.

Pourtant, la guerre Israël-Hamas s’est invitée aux portes des Oscars. Des centaines de manifestants ont bloqué la route menant au Dolby Theater à Los Angeles, empêchant les invités d’accéder au tapis rouge.

La cérémonie, avancée d’une heure cette année, a commencé par cinq minutes de décalage. Jimmy Kimmel a ouvert son monologue par une blague à ce propos, sans un mot sur la raison de ce retard. « On a beau commencer tôt, ça va quand même finir très, très tard. On a déjà 5 minutes de retard et je ne plaisante même pas », a-t-il déclaré.

Un soutien timide à la Palestine

Chez les nommés aussi le sujet semblait tabou. Quelques stars dont Billie Eilish, Mark Ruffalo, Mahershala Ali et Ramy Youssef, sont apparues sur le tapis rouge avec un pin’s rouge, symbole de l’appel à un cessez-le-feu à Gaza, demandé par de nombreux artistes. Les Français Swann Arlaud et Milo Machado Grenier, qui jouent dans Anatomie d’une chute, portaient eux un pin’s avec le drapeau palestinien.

Mais la remise de prix s’est déroulée en évitant soigneusement le sujet. Seul Jonathan Glazer, le réalisateur juif britannique de La Zone d’intérêt, a livré un discours engagé sur l’occupation de la Palestine en récupérant son Oscar du meilleur film international. « Nous nous tenons ici en tant qu’hommes qui réfutent que notre judéité et l’Holocauste soient détournés par une occupation qui a conduit à des conflits pour tant d’innocents », a-t-il affirmé, sous de timides applaudissements, avant de rappeler que les victimes « du 7 octobre en Israël ou celles des attaques en cours à Gaza sont toutes des victimes de cette déshumanisation ».

La guerre en Ukraine a elle aussi n’été que brièvement abordée, lors d’un hommage à l’opposant politique russe Alexeï Navalny, mort en prison en février, et dans l’autre discours engagé de la soirée. Le correspondant de guerre et photographe Mstyslav Chernov a reçu l’Oscar du meilleur documentaire pour son long-métrage 20 jours à Marioupol. Très ému, il a avoué qu’il préférerait « ne jamais avoir fait ce film » et « rendre cet Oscar si cela permettait que la Russie n’ait jamais attaqué l’Ukraine et occupé nos villes. » Il a également appelé le monde du cinéma à honorer la mémoire de ceux qui sont morts en Ukraine. Le message est passé.

Toujours un manque de diversité dans le palmarès

Si l’Académie des Oscars ne souhaite pas prendre position sur des conflits géopolitiques, on aurait pu espérer qu’en 2024, elle balaye au moins devant sa porte. Mais neuf ans après le lancement du hashtag #OscarsSoWhite, qui dénonçait le manque de diversité, il y a encore du progrès à faire.

Dans les catégories reines, seul l’Oscar du meilleur second rôle féminin a été attribué à une personne de couleur. L’actrice noire Da’Vine Joy Randolph a été récompensée pour sa performance dans Winter Break. Cord Jefferson a, lui, reçu l’Oscar du meilleur scénario adapté pour American Fiction, qui raconte l’histoire d’un écrivain afro-américain. Et le duo japonais Hayao Miyazaki et Toshio Suzuki a reçu l’Oscar du meilleur film d’animation pour Le garçon et le héron.

Des critiques s’élèvent aussi déjà sur le fait que Killers of the flower moon, un film sur la vraie histoire du massacre du peuple amérindien Osage aux États-Unis, n’a reçu aucun prix malgré ses dix nominations. Lily Gladstone, qui aurait pu devenir la première femme d’origine amérindienne à remporter l’Oscar de la meilleure actrice, a perdu face à Emma Stone.

Malgré ce palmarès très blanc, il y avait pourtant plus de diversité dans les nommés cette année. Sept des vingt acteurs et actrices qui étaient en lice pour un Oscar sont des personnes de couleur. Mais c’est une victoire à demi-teinte lorsque l’on sait que l’Académie a imposé de nouvelles « normes de représentation et d’inclusion » pour les films cette année. Les Oscars n’ont pas encore gagné le prix de la cérémonie la plus engagée.

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