Ces ondes radio ont parcouru huit milliards d’années-lumière pour nous arriver et c’est du jamais vu

Ce phénomène est le plus lointain et rapide jamais observé.

ESPACE - De mystérieux phénomènes qui ne durent que quelques millièmes de secondes, mais si puissants qu’ils voyagent au-delà des galaxies. Leur nom ? Les sursauts radio rapides ou FRB (Fast Radio Bursts en anglais). Une équipe internationale de chercheurs vient de dévoiler le plus rapide et le plus lointain jamais détectée, dont l’origine donne le tourni.

Dans un article publié le 19 octobre dans la revue Science, les astronomes expliquent avoir capté en juin dernier un sursaut radio rapide grâce à l’ASKAP, un réseau de radiotélescopes australien. Celui-ci leur a permis de « déterminer l’endroit précis d’où provenait le sursaut », a expliqué Stuart Ryder, astronome à l’université de Macquarie en Australie et coauteur principal de l’étude.

La région d’où il venait a ensuite été passée au peigne fin par le Very Large Telescope (VLT) de l’Observatoire européen (ESO) au Chili. Un signal radio d’une telle puissance s’accompagne en effet d’une émission de lumière, mais cette dernière est à peine visible. Et pour cause : elle provient ici d’une galaxie si lointaine que le signal a mis huit milliards d’années-lumière pour nous parvenir.

Pour parcourir une telle distance, il faut une quantité d’énergie folle, dont une fois le voyage terminé il ne reste presque rien. Ainsi, la puissance des sursauts radio rapides est en effet 1013 fois supérieure à la luminosité totale du Soleil. Cela fait beaucoup, beaucoup de zéros pour un phénomène à peine détectable pour les Terriens.

Un moyen de « peser » l’univers

L’origine précise de ces signaux impressionnants « tient vraisemblablement dans l’activité d’étoiles à neutrons » estime pour le HuffPost Fabrice Mottez, astrophysicien au CNRS et à l’Observatoire de Paris. Mais en tous cas, « l’article confirme que les sursauts radio rapides sont des événements courants dans le cosmos » remarque l’un des auteurs de l’étude.

Cette découverte confirme aussi que ces FRB pourraient permettre de « détecter la matière entre les galaxies, et mieux comprendre la structure de l’univers ». Avant de nous parvenir, l’onde voyage en effet entre les galaxies. Sur le chemin, « elle va rencontrer des éléments, notamment les électrons qui se baladent dans l’espace, modifiant la propagation de l’onde » explique Fabrice Mottez. En gros, c’est un peu comme lorsque l’on essaye de parler dans l’eau, le son est distordu. Même chose pour l’onde, dont l’analyse de la distorsion permet ensuite de mieux comprendre ce qui se trouve sur le chemin de l’onde, entre les galaxies.

L’idée, c’est aussi de pouvoir estimer la masse de l’univers. Actuellement, les méthodes utilisées donnent des réponses contradictoires. « Si nous comptons la quantité de matière normale dans l’Univers, à savoir les atomes dont nous sommes tous constitués, nous constatons qu’il manque plus de la moitié de ce qui devrait être présent aujourd’hui », explique Ryan Shannon, l’un des auteurs de l’étude. La partie manquante pourrait alors se cacher dans l’espace entre les galaxies, et la propagation des sursauts radio rapides servirait alors d’outil de mesure pour peser cette matière, et in fine tout notre univers.

Seul hic, cette nouvelle découverte marque le plafond de verre des technologies actuelles : les instruments actuels ne permettent pas de remonter à plus de 8 milliards d’années-lumière. Mais de nouveaux télescopes sont en construction, plus sensibles, donc capable d’observer des sources plus éloignées. C’est le cas de l’observatoire international Square Kilometre Array, qui construit actuellement deux radiotélescopes en Afrique du Sud et en Australie. Une version plus ambitieuse du Very Large Telescope de l’ESO, l’Extremely Large Telescope, est aussi en chantier.

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