"Omar m'a tuer": la requête en révision d'Omar Raddad à nouveau rejetée

Au mois de septembre, la défense d'Omar Raddad, condamné pour le meurtre, qu'il a toujours nié, de Ghislaine Marchal, a demandé de nouveaux actes d'enquête en vue d'un procès en révision. La justice n'a pas accédé à cette demande.

La chambre de l'instruction de la Cour de révision rejette une nouvelle fois la demande en révision du procès d'Omar Raddad, condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour le meurtre de sa patronne Ghislaine Marchal, a appris BFMTV.com de sources concordantes.

"La décision rendue par la commission d’instruction ne porte pas sur la culpabilité ou l’innocence de la personne condamnée: elle se limite à déterminer si les éléments nouveaux peuvent permettre à la Cour de révision et de réexamen de remplir son office", rappelle la Cour de révision dans un communiqué.

"À cet effet, la commission d’instruction doit s’assurer que les éléments nouveaux qui lui sont soumis sont réels, sérieux et qu’ils ont un rapport avec le crime ou le délit dont il est question", précise-t-elle encore.

"Cette affaire devient l’une des plus grandes erreurs du 21e siècle", a réagi avec virulence Me Sylvie Noachovitch, l'avocate d'Omar Raddad, se disant "scandalisée" par cette décision de justice.

"Eléments nouveaux"

En décembre dernier, la défense d'Omar Raddad, condamné il y a 28 ans pour le meurtre, qu'il a toujours nié, d'une riche veuve Ghislaine Marchal, avait pourtant obtenu la réouverture du dossier. En mai puis en septembre dernier, elle a présenté à la chambre de l'instruction de la Cour de révision des "éléments nouveaux" nécessitant, selon elle, un supplément d'informations en vue d'une éventuelle révision du procès du jardinier, si ces derniers avaient été transmis à la cour de révision.

Ces éléments provenaient d'une "enquête secrète" de la gendarmerie entre 2002 et 2004, après les confidences d'une informatrice sur un possible mobile crapuleux du meurtre de Ghislaine Marchal à son domicile à Mougins dans les Alpes-Maritimes. Ces investigations avaient été révélées dans un livre paru en mars, "Ministère de l'injustice" de Jean-Michel Décugis, Pauline Guéna et Marc Leplongeon.

Lors d'une dernière audience à huis clos, le 15 septembre, Me Sylvie Noachovitch a demandé les auditions de gendarmes ayant participé à cette enquête. Cette demande de supplément d'informations se base aussi sur les progrès de la science. L'avocate a également plaidé en faveur de la désignation d'un laboratoire spécialisé en recherche en parentèle pour déterminer l'appartenance de certains ADN.

On parle là de quatre ADN découverts sur des pièces à conviction et qui ne correspondent pas à celui d'Omar Raddad. L'un de ces ADN masculins apparaît notamment à 35 reprises sur les deux portes où a été inscrit, en lettres de sang, l'inscription "OMAR M'A TUER". Il a également été retrouvé entre les doigts de Ghislaine Marchal. La justice a longtemps considéré qu'il pouvait s'agir d'empreintes déposées par un gendarme. Dans des notes de 2019 et 2020, un expert en génétique a toutefois conclu en faveur de l'hypothèse d'un dépôt de ces empreintes au moment des faits et non d'une "pollution" ultérieure.

Des réquisitions en faveur de nouvelles investigations

Lors de l'audience en septembre dernier, l'avocat général s'était prononcé en faveur d'un supplément d'information concernant ces analyses mais a en revanche demandé que soit écartée l'enquête de gendarmerie.

"La chambre de l'instruction de la Cour de révision considère que, au motif qu’il y a eu peut-être de la pollution, et peut-être que ces ADN n’auraient pas pu parler, ces ADN ne pourraient pas être datés, s'agace Me Noachovitch. Cette décision ne respecte pas les droits de l'Homme et la loi de 2014 qui permet la révision qu’en cas de simple doute." L'avocate annonce saisir la Cour européenne des droits de l'Homme.

La chambre de l'instruction de la cour de révision avait trois options après cette audience du mois de septembre. Soit elle accédait à la demande d'Omar Raddad et réclamait un supplément d'informations sur les éléments apportés par la défense, soit elle saisissait directement la Cour de révision, soit elle rejettait la demande de saisine. C'est cette troisième option qui a été retenue. Il s'agit de la deuxième demande en révision rejetée pour Omar Raddad.

Article original publié sur BFMTV.com

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