Omar Raddad n’aura pas de second procès, sa requête en révision à nouveau rejetée

Omar Raddad, ici devant le ministère de la Justice à Paris en décembre 2008, avait été condamné en 1994 à 18 ans de réclusion pour le meurtre de Ghislaine Marchal.
MEHDI FEDOUACH / AFP Omar Raddad, ici devant le ministère de la Justice à Paris en décembre 2008, avait été condamné en 1994 à 18 ans de réclusion pour le meurtre de Ghislaine Marchal.

JUSTICE - Fin de non-recevoir. Après un long combat judiciaire, les avocats d’Omar Raddad n’ont pas obtenu, ce jeudi 13 octobre, d’avancées dans leur requête en révision pour obtenir un second procès et l’innocence de leur client aux yeux de la justice française dans l’un des dossiers criminels les plus médiatisés et controversés de l’histoire.

Grâce aux progrès scientifiques en matière d’ADN et à une loi qui assouplit depuis 2014 les critères permettant d’obtenir la révision d’un procès, l’ex-jardinier marocain, âgé aujourd’hui de 60 ans, espérait obtenir une (très rare) saisine de la Cour de révision ou un nouveau supplément d’information.

Vingt ans après une première demande, Omar Raddad avait déposé une nouvelle requête en révision de son procès le 24 juin 2021, trente ans jour pour jour après la découverte du corps de Ghislaine Marchal. Omar Raddad avait été condamné à dix-huit ans de réclusion criminelle, puis gracié mais pas innocenté.

Ghislaine Marchal, riche veuve d’un équipementier automobile, avait été retrouvée morte le 24 juin 1991 à 65 ans dans la chaufferie de sa propriété de Mougins, dans les Alpes-Maritimes. Deux inscriptions accusatoires tracées avec le sang de la victime - « Omar m’a tuer » et « Omar m’a t » - avaient été découvertes sur deux portes. Une faute de conjugaison restée dans l’histoire (la phrase correcte est « Omar m’a tuée ») qui a toujours été au cœur des interrogations des enquêteurs.

Quatre ADN masculins non identifiés retrouvés en 2015

Dans le long processus judiciaire vers une hypothétique saisine de la Cour de révision, son avocate Sylvie Noachovitch s’était targué d’avoir franchi un premier « pas » après avoir obtenu en décembre de la commission d’instruction que soient diligentées des investigations complémentaires.

Ce supplément d’information visait à déterminer la portée des conclusions d’un expert en génétique sollicité par Me Noachovitch, concernant quatre ADN masculins non identifiés retrouvés en 2015 sur des scellés de la scène de crime et qui ne correspondent pas au profil génétique de l’ex-jardinier.

Dans des notes de 2019 et de 2020, l’expert en génétique révélait l’importance d’un des quatre ADN masculins inconnus, présent en de nombreux endroits et notamment sur l’inscription « Omar m’a t », seul ou mélangé avec le sang de la victime. L’expert favorisait l’hypothèse d’un dépôt de l’ADN lors des faits et non d’une « pollution » ultérieure, notamment par les enquêteurs.

En d’autres termes, ces traces génétiques auraient pu être déposées par l’auteur de l’inscription, qui ne serait alors pas Ghislaine Marchal mais potentiellement le véritable meurtrier, estime la défense d’Omar Raddad.

Une nouvelle piste et 2 suspects issus d’une « enquête secrète »

Depuis cette première étape, Me Sylvie Noachovitch a présenté le 19 mai à la commission d’instruction de la Cour de révision d’autres « éléments nouveaux », issus cette fois d’une « enquête secrète » de la gendarmerie entre 2002 et 2004, après les confidences d’une informatrice sur un possible mobile crapuleux.

Ces investigations menées dans un petit bar de Cagnes-sur-Mer par la brigade territoriale (BT) de Nice, mais couverte par le parquet de Grasse, ont mené à une nouvelle piste, révélée dans un livre publié en mars, « Ministère de l’injustice », écrit par les journalistes Jean-Michel Décugis, Marc Leplongeon et l’écrivaine Pauline Guéna.

Consacré aux dysfonctionnements de la justice, le livre révèle un témoignage fait en septembre 2002 aux gendarmes, expliquant que Ghislaine Marchal était une habituée du bar en question. Cette témoin avait accusé les deux tenanciers, deux frères de la région liés au grand banditisme selon plusieurs médias, d’avoir organisé un cambriolage chez la victime.

Les deux suspects sont depuis décédés, mais lors d’une dernière audience à huis clos, le 15 septembre, la défense d’Omar Raddad avait demandé les auditions de gendarmes ayant participé à cette enquête, ainsi que la désignation d’un laboratoire spécialisé dans la recherche en parentèle pour déterminer à qui appartiennent les ADN inconnus retrouvés sur les inscriptions.

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