Qui est Oliver Anthony, l’ouvrier et chanteur « anti-élites » qui dépasse Taylor Swift et Beyoncé ?

BUZZ - Le tout premier débat des candidats à la Primaire républicaine s’est déroulé le mercredi 23 août à Milwakee. Pour ouvrir ce débat annoncé comme électrique, la présentatrice de Fox News Martha MacCallum a choisi de diffuser quelques notes de la chanson d’Oliver Anthony Rich Men North of Richmond. Puis, elle a commencé, sous les applaudissements de la foule rassemblée au Fiserv Forum, par une question posée au gouverneur de Floride Ron DeSantis sur le succès inattendu de ce titre : « Pourquoi pensez-vous que cette chanson a un tel écho dans la société aujourd’hui ? Pourquoi touche-t-elle à ce point ? »

Son nom vous est peut-être inconnu. Pourtant, Oliver Anthony, trentenaire originaire de Farmville en Virginie, est aujourd’hui au sommet du 100 Billboard, le top 100 des chansons les plus écoutées outre-Atlantique, loin devant Taylor Swift, ou encore Beyoncé. Christopher Anthony Lunsford de son vrai nom, n’était en rien prédestiné à connaître un succès si fulgurant et à devenir une superstar de la musique. En quelques semaines à peine, sa chanson mélancolique est devenu un tube dépassant les 10 millions de vues sur YouTube, puis les 20 millions, puis les 30 millions. En cause, des paroles qui résonnent comme une réalité amère pour de nombreux citoyens américains.

Oliver Anthony, porte-voix des « petites gens »

Dans Rich Men North of Richmond, Oliver Anthony décrit son quotidien morose : « Je travaille toute la journée, Des heures supplémentaires, Pour un salaire de misère, Je perds mon temps et je gâche ma vie, Puis je rentre à la maison et je noie mes ennuis ». Et le chanteur ne manque pas de pointer du doigt ceux qui sont, d’après lui, responsables de cette vie de misère : « Ces hommes riches au nord de Richmond, Ils veulent tout contrôler, Savoir à quoi tu penses, Ce que tu fais, Et ils ne pensent pas que tu le sais, mais je sais que tu le sais, Parce que ton dollar n’a pas de valeur, et il est taxé sans fin. »

Les « hommes riches au nord de Richmond », ce sont celles et ceux qui travaillent à Washington, comprenez les politiciens qui font et défont les lois ensuite imposées aux citoyens. Oliver Anthony est devenu presque malgré lui en quelques semaines un véritable porte-voix pour une Amérique rurale qui s’estime laissée pour compte. La classe ouvrière est, dans la chanson d’Oliver Anthony directement opposée à celle des dirigeants, des décideurs, et plus globalement, des riches.

Un nouvel hymne pour les pro-Trump

Mais derrière le message anti-élites, il y a également un pot-pourri d’idées conservatrices qui ne sont pas pour déplaire aux partisans d’un certain Donald Trump. La chanson a d’ailleurs été clairement désignée comme un nouvel hymne d’extrême-droite. Des idées qu’Oliver Anthony revendique d’ailleurs ouvertement comme il l’a confié dans un message posté sur sa page Facebook : « Depuis 10 ans, tous les ouvriers et travailleurs avec lesquels je discute me racontent la même histoire. Les gens n’en peuvent plus d’être négligés, écartés et méprisés. J’ai passé de nombreuses nuits à déplorer que ce grand pays soit tombé aussi bas. Il faut qu’on recommence à se battre pour ce qui est juste. La liberté de parole est précieuse. Jamais le monde n’a été aussi libre qu’aujourd’hui. Ne laissez personne vous l’enlever. Mais nous nous sommes éloignés de Dieu, et avons laissé de fausses idoles nous séduire. C’est triste. »

Très surpris par le succès de son titre, Oliver Anthony a révélé qu’il avait du mal à le comprendre : « Je n’ai rien d’exceptionnel, je ne suis pas un bon musicien, pas une bonne personne. Je suis juste un type qui se bat depuis 5 ans contre la dépression et qui trouve que le monde va mal ».

Pourtant, Oliver Anthony n’a pas la prétention de devenir une star de la country à l’image de Blake Sheldon, ou de Taylor Swift. Loin de là, il rêve simplement de monter et de gérer une exploitation agricole modeste. « Les gens de l’industrie musicale sont bouche bée quand je refuse des contrats à 8 millions de dollars. Mais je ne veux pas de bus de tournée, de jet privé, ou jouer en concert dans des stades. Je ne veux pas être sous le feu des projecteurs. » Message politique ou fausse modestie, Oliver Anthony a en tout cas profité de son succès pour sortir de nouveaux titres comme le déjà très populaire I want to go home, et lancer une large gamme de produits dérivés.

À voir également sur Le HuffPost :

Dans « Priscilla », le biopic sur la femme d’Elvis Presley par Sofia Coppola, il n’y aura... aucune musique du King

Mort de Toto Cutugno, chanteur de « L’Italiano » et compositeur de tubes de la chanson française