Aux obsèques de Dominique Bernard à Arras, les discours poignants des proches du professeur

Les obsèques du professeur assassiné au lycée Gambetta le 13 octobre ont eu lieu à la cathédrale d’Arras. Emmanuel Macron et le ministre de l’Éducation étaient sur place.

« Il aimait la poésie, René Char, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé, Valéry ». Lors des obsèques ce jeudi 19 octobre de Dominique Bernard, professeur de français assassiné devant son collège-lycée d’Arras par un ancien élève radicalisé, sa famille a lu des textes émouvants décrivant les goûts et les passions de l’enseignant.

Les obsèques du professeur mort à 57 ans ont débuté à la cathédrale d’Arras vers 10 h 30 avec La Sicilienne de Bach. Emmanuel Macron, son épouse Brigitte et le ministre de l’Éducation Gabriel Attal étaient présents. Le président s’est entretenu environ 30 minutes avec la famille de Dominique Bernard en privé avant le début des obsèques.

« Il aimait la lumière rasante du soir »

L’évêque d’Arras, Mgr Olivier Leborgne, a d’abord pris la parole pour lancer la cérémonie. « Nous sommes là avec vous, les enseignants et la communauté éducative du lycée Gambetta et avec tous les enseignants touchés par ce meurtre perpétré sur l’un de vos collègues », a-t-il déclaré. Avant d’ajouter : « Nous sommes là avec toute la Nation touchée également au cœur ».

Il a ensuite introduit les discours des proches de Dominique Bernard : sa femme Isabelle, sa sœur Emmanuelle et deux de ses filles ont pris la parole. À la demande de la famille, les visages des proches n’ont pas été filmés pendant la cérémonie.

Son épouse, Isabelle, a décrit les petits plaisirs de la vie de l’enseignant : « il aimait la philosophie », « le cinéma », « l’Italie, l’italien, la Toscane », « il aimait Van Gogh, Matisse, Coubert », « il aimait les glaciers préférés du Routard », « il aimait la lumière rasante du soir ».

« Mais il n’aimait pas l’informatique, ni les réseaux sociaux. Le téléphone, il n’en avait même pas », a-t-elle poursuivi devant un millier de personnes présentes dans la cathédrale. « Il n’aimait pas la foule, ni les honneurs. Les cérémonies qu’il avait en horreur. Sensible et discret, il n’aimait pas le bruit et la fureur du monde. Il aimait profondément ses filles, sa mère et sa sœur. Nous nous aimions », a-t-elle conclu.

« Je n’oublierai jamais ta silhouette sur le perron du lycée Gambetta »

« Je crois aux êtres sensibles qui savent recevoir et donner de l’amour en équilibre, qui écoutent et qui parlent aussi, ceux qui vivent et qui laissent vivre », a lu ensuite un autre membre de sa famille.

L’hommage des proches s’est clôturé par les quelques mots d’une de ses collègues, Aurélie : « Te voilà élevé au rang des martyrs, toi l’homme discret. Une passion en replace une autre. Et quelle perte pour le monde. Je n’oublierai jamais ta silhouette sur le perron du lycée Gambetta. »

Le grand public n’était pas autorisé à rentrer dans l’édifice, mais la cérémonie religieuse a été retransmise sur grand écran sur la place des Héros, au pied du beffroi de la ville où des centaines de personnes se sont rassemblées.

« Quand ça [les attentats] arrive[nt] chez soi, ce n’est pas pareil », témoignait un Arrageois sur place au micro de BFMTV, ajoutant avec émotion : « Il a sacrifié sa vie pour les élèves de Gambetta ». Un des anciens élèves de Dominique Bernard, Maxime a déclaré avec émotion à l’AFP : « M. Bernard était gentil, passionné, il aimait nous faire découvrir la littérature, il avait toujours des petites choses en plus à nous dire sur les auteurs qu’il nous présentait ».

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