Mais où est Kate Middleton ? Comment la communication de Kensington a laissé la place aux rumeurs

Le secret autour de santé de la princesse de Galles, opérée en janvier dernier, prend aujourd'hui des allures d'affaire d'État au Royaume-Uni. Récit de ces quelques semaines qui ont jeté la famille royale dans la tourmente.

Long manteau bleu, bottes et chapeau à plume assortis... Kate Middleton était comme toujours très chic, à la sortie de la messe de Noël à Sandringham, le 25 décembre 2023. Entourée de ses enfants George, Charlotte et Louis, de son mari le prince William et devancée par le roi Charles et la reine Camilla, elle a fait le job. Salué, souri, lancé quelques "Merry Christmas" enjoués aux quelques personnes attroupées sur leur passage, reçu un bouquet.

C'est la dernière fois que la princesse de Galles a participé à un événement public.

• 17 janvier : l'annonce coup sur coup des opérations de Kate et Charles

Une quinzaine de jour plus tard, le 17 janvier, le palais de Kensington, responsable de la communication de William et Kate, publie un communiqué en milieu d'après-midi pour annoncer que "son altesse royale la princesse de Galles a été admise à l'hôpital hier pour une intervention chirurgicale abdominale planifiée".

Le texte de quatre paragraphes assure que l'opération s'est bien passée et que la princesse va rester hospitalisée entre "10 et 14 jours". Suivant les avis médicaux, dit encore Kensington, "il est peu probable qu'elle reprenne ses fonctions publiques avant Pâques". D'ici là, elle s'excuse de devoir repousser tous ses engagements officiels.

"La princesse de Galles est consciente de l'intérêt que cette déclaration va susciter", indique la missive.

Le communiqué, qui ne dit pas un mot de plus sur ce dont souffre la princesse, précise que le palais ne "fournira des nouvelles sur ses progrès que lorsqu'il y aura des nouvelles informations significatives à communiquer". La presse britannique, qui relaie évidemment largement l'information, ajoute que le palais a refusé d'indiquer ce dont souffre Kate, mais a précisé qu'il ne s'agissait pas d'un cancer.

La princesse vient de fêter ses 42 ans le 9 janvier 2024, elle est sportive et - en apparence au moins - en pleine forme. Hormis de fortes nausées matinales quand elle était enceinte de ses trois enfants, qui l'avaient contrainte à annuler quelques déplacements, elle n'a jamais été malade. La stupeur est donc totale.

Mais ce n'est pas fini. À peine 90 minutes plus tard, c'est au tour du palais de Buckingham de publier un communiqué: le roi Charles III va subir la semaine suivante une opération pour une pathologie "bénigne". À l'inverse de la princesse de Galles, le roi fait le pari de la transparence et ne cache rien de la nature de l'intervention. "Comme des milliers d'hommes chaque année, le roi va être traité pour une hypertrophie de la prostate", déclare ainsi le communiqué.

• 18 janvier : William rend visite à Kate

Le lendemain, les problèmes de santé de la famille royale font la une de tous les journaux britanniques. Les chroniqueurs royaux parlent de "choc". Le Daily Mail "prie" pour que Kate et Charles aillent bien.

Le même jour, le prince William est photographié au volant d'une voiture, quittant la London Clinic, le luxueux établissement où est hospitalisée son épouse. C'est dans cette clinique que doit également être admis le roi la semaine suivante.

La presse britannique indique que William a "modifié son emploi du temps pour être auprès de son épouse". Le prince a donc reporté ses engagements pendant quelques jours.

• 29 janvier : Kate quitte l'hôpital

Plus aucune nouvelle de Kate ne filtre pendant 10 jours. On apprend juste, par les médias britanniques, que Charles, entré à la clinique accompagné de Camilla le 26 janvier, s'est rendu au chevet de sa belle-fille, avant d'être lui aussi opéré le jour même.

Il faut attendre le 29 janvier avant que Kensington ne publie un nouveau communiqué, indiquant que la princesse a quitté la clinique et qu'elle est rentrée chez elle à Windsor, pour y poursuivre sa convalescence après son opération. "Elle fait de bons progrès", souligne le texte, encore plus laconique que le premier.

Là encore, Buckingham communique le même jour pour indiquer que le roi a lui aussi quitté l'hôpital. Contrairement à Kate, Charles quitte la clinique par la grande porte. Tout sourire, au bras de Camilla, il salue les badauds et les photographes.

• 5 février : nouveau choc, le roi annonce avoir un cancer

Rien ne laissait présager le nouveau communiqué que publie Buckingham, quelques jours plus tard. Le roi était en effet apparu en public, comme si de rien n'était, quelques jours après sa sortie de l'hôtpial, sortant de la messe à Sandringham.

Mais le 5 février, nouveau choc, le roi annonce être atteint d'un cancer, diagnostiqué pendant qu'il était à l'hôpital, la semaine précédente. Cette fois-ci, le souverain ne donne pas de détails. Le communiqué précise simplement qu'il ne s'agit pas d'un cancer de la prostate. Là encore, les unes de la presse traduisent la stupeur des Britanniques.

Le drame familial reprend lorsque le prince Harry, qui ne parle plus à sa famille depuis des mois, annonce qu'il va se rendre au chevet de son père. Il arrive le lendemain, mais ne reste que quelques heures sur le sol britannique et une quarantaine de minutes avec Charles. Il repart sans avoir croisé son frère William.

• 7 février : William reprend ses engagement officiels

Les membres actifs de la famille royale étant réduits comme peau de chagrin après l'annonce du cancer de Charles, le prince de Galles retourne à ses obligations officielles. Le 7 février, il remet ainsi quelques décorations, puis, le soir, se rend à un gala de charité au profit des hélicoptères médicaux de Londres, où il retrouve Tom Cruise, pilote comme lui.

À l'occasion d'un bref discours, il remercie les Britanniques pour les "gentils messages et le soutien pour Catherine et pour (son) père, surtout ces derniers jours", et n'oublie pas d'adresser quelques blagues à l'acteur hollywoodien.

• 18 février : William assiste seul aux Bafta

C'est seul que le prince de Galles foule le tapis rouge des Bafta, l'équivalent des César britanniques, qu'il préside depuis dix ans. Cela ne l'empêche pas d'échanger et de plaisanter avec les stars présentes ce soir-là, comme la comédienne australienne Cate Blanchett.

"Je suis désolé que Catherine ne soit pas là, elle adore les Bafta", déclare le prince à l'assistance. Ce sera la seule allusion à la princesse de Galles, qui avait brillé l'année précédente dans une sublime robe blanche.

• 27 février : William annule sa présence à une cérémonie pour "raisons personnelles"

Cela fait plus de deux mois que la princesse Kate n'est pas apparue en public. Depuis début février, le hashtag #whereiskate, "où est Kate", circule les réseaux sociaux. Le 27 février, William fait savoir qu'il n'assistera pas à la cérémonie d'hommage à son parrain, le roi Constantin de Grèce, mort le 10 janvier. Cette annulation soudaine "pour raisons personnelles" intrigue beaucoup le public.

La presse britannique, qu'on a connue plus intrusive, s'en tient au discours officiel, et relaie en chœur le message du palais assurant que "Kate va bien".

Sur X, #whereiskate prend de l'ampleur et les premières théories sur l'absence de la princesse commencent à émerger. Certains demandent "des preuves de vie", l'imaginent défigurée ou dans le coma...

• 4 mars : la presse américaine diffuse une photo de paparazzi de Kate

Les médias britanniques donnent l'information mais ne relaient pas la photo: des paparazzi ont pris un cliché de Kate, en voiture aux côtés de sa mère, Carole Middleton.

Prenant moins de gants, la presse américaine, TMZ et Entertainment Tonight en tête, publient le cliché. "Kate est vue pour la première fois depuis son opération abdominale en janvier et alors que l'inquiétude grandit sur sa 'disparition'", écrit le média sur X (ex-Twitter), en mettant les pieds dans le plat.

Mais le cliché, très flou, et sur lequel on reconnaît mal la princesse cachée derrière de grandes lunettes noires, ne calme pas la curiosité du public et donne lieu, au contraire, à toutes sortes de théories.

• 5 mars : le retour de Kate annoncé... avant d'être retiré

Alors que Kensington garde résolument le silence, le ministère de la Défense annonce sur son site, que la princesse de Galles participera à une parade militaire le 8 juin 2024. Sans préciser si cet événement marque le retour de la princesse, ou si elle reviendra plus tôt, "à Pâques", comme initialement annoncé.

L'information, relayée par les médias du monde entier, n'est pas confirmée par le palais de Kensington, et disparaît dès le lendemain du site du ministère. Comme le décrit la correspondante royale de Sky News, "l'atmosphère est fébrile" et "la moindre nouvelle devient une information", tant l'attente est grande.

• 10 mars : Kensington publie une photo officielle de Kate et ses enfants

Pour faire taire les rumeurs, devenues incontrôlables sur les réseaux sociaux, le palais de Kensington publie le dimanche 10 mars, jour de la fête des mères au Royaume-Uni, une photo de la princesse de Galles, entourée de ses trois enfants, George, Charlotte et Louis.

"Merci pour vos vœux et votre soutien continu au cours des deux derniers mois. Je souhaite à tout le monde une joyeuse fête des mères", indique le court message, signé "C" (pour Catherine), qui accompagne la photo.

Le monde est soulagé, les médias s'emparent de la photo, les agences de presse la relaient. Kate va bien.

Mais très vite le doute s'installe. Sur les réseaux sociaux, une fois encore, certains notent des incohérences sur le cliché, des faux raccords, des détails bizarres. Une manche de la petite Charlotte, qui semble un peu tronquée, une ligne à l'arrière-plan qui n'est pas droite... La photo aurait-elle été trafiquée?

Dès le soir du 10 mars, les agences de presse décident de retirer le cliché de leur banque d'images. "Il est apparu que l'image fournie par le palais de Kensington aujourd'hui (dimanche) de Kate et de ses enfants a été modifiée. Elle a en conséquence été retirée du service AFP et ne doit plus être utilisée d'aucune façon", communique l'Agence France Presse.

Reuters, AP, Getty Image, PA, EPA... Les grandes agences prennent toutes la même décision. La photo demeure sur les réseaux sociaux du prince et de la princesse de Galles.

• 11 mars : Kensington publie des excuses au nom de Kate

Le lendemain, un étrange message est publié sur les réseaux sociaux. Kate y endosse la responsabilité du fiasco en expliquant que c'est elle qui a bricolé sur Photoshop pour améliorer la photo censée avoir été prise par son époux William la semaine précédente.

"Comme beaucoup de photographes amateurs, il m'arrive d'expérimenter les retouches", affirme le texte. "Je tenais à m'excuser pour la confusion que la photo de famille que nous avons partagée hier a pu causer. J'espère que toutes les personnes présentes ont passé une très bonne fête des mères. C"

La princesse est en effet connue pour prendre souvent elle-même les photos de ses enfants que diffuse Kensington. Mais le mal est fait, d'autant que le palais fait savoir qu'il n'a aucune intention de rediffuser la photo de Kate et ses enfants sans les altérations. Les théories complotistes explosent, certains en viennent à douter que la photo existe ou qu'elle soit récente.

"Dans le contexte actuel, toute manipulation d'une image, même mineure et sans intention d'induire en erreur, peut éveiller des soupçons", estime auprès de l'AFP Chris Morris, directeur du site de vérification Full Fact.

Tous les titres de la presse britannique font de nouveau leur une sur l'affaire. Si le Sun exhorte à "arrêter de harceler (Kate) pour une photo retouchée" le Mirror titre sur le "chaos" à Kensington et le Daily Mail sur la "communication désastreuse" du palais.

"Lorsque les fausses nouvelles et les fausses images sont monnaie courante, le secret est l'ennemi de la vérité", plaide Simon Jenkins, chroniqueur au Guardian. "Dites simplement ce qu'il en est. Il y a plus de chances que cela suscite le respect." "La morale de l'histoire d'une photo royale éditée est simple: (il faut) tout dire. À ce stade, la protection de la vie privée ne marche pas. Elle alimente les rumeurs, les commérages et les inventions".

• 12 mars : les théories du complot explosent

En effet, sur les réseaux sociaux, le chaos est total. Les hashtags #katespiracy, jeu de mot mêlant Kate et "conspiracy" (complot), et #Kategate, "l'affaire Kate", apparaissent.

Entre les mèmes, les détournements et les blagues sur le manque de talent de la princesse en matière de retouche photo, des théories plus graves circulent, sur la supposée infidélidé du prince William, avec une certaine Rose Hanbury, marquise de Cholmondeley (Marchioness of Cholmondeley en anglais). La rumeur est si tenace qu'elle traverse l'Atlantique et que l'animateur de Late show Stephen Colbert n'hésite pas à la relayer.

"Le royaume est en ébullition", s'amuse l'humoriste dans son sketch en sirotant un thé. "Le futur roi d'Angleterre aurait une liaison", ajoute-t-il, citant la rumeur colportée sur les réseaux sociaux et présentée comme la cause de la disparition de Kate.

Sur les réseaux, le ton change, et certains commencent à critiquer William, pour sa supposée infidélité, mais aussi parce qu'il a "jeté Kate sous le bus", expression britannique signifiant qu'il l'a livrée en pâture au public, en la laissant s'accuser des retouches de la fameuse photo.

Le même jour, une nouvelle photo de paparazzi est diffusée. Cette fois-ci, les tabloïds la relaient. Là encore la photo est très sombre, la princesse à peine visible. Méfiant, le public scrute l'image à la recherche de retouches.

• 13 mars : la Maison Blanche parle de Kate

L'affaire de la photo retouchée par Kate, et sa disparition, est devenu un point de discussion dans le monde entier et dans tous les milieux. Interrogée lors d'un échange avec la presse américaine sur d'éventuelles retouches numériques du président Biden, la porte-parole de la Maison Blanche Karine Jean-Pierre répond "non, pas que je sache". "Pourquoi ferait-on cela?", rétorque-t-elle. "Êtes-vous en train de nous comparer avec ce qui se passe au Royaume-Uni?"

"Je n'ai pas parlé de Kate Middleton avec le président", assure par ailleurs la porte-parole. "Bien sûr, nous lui souhaitons un rétablissement rapide. Elle a demandé à ce qu'on respecte sa vie privée, et nous allons bien sûr suivre cela", indique-t-elle encore à bord d'Air Force One, accompagnant le président Joe Biden dans le nord des États-Unis.

• 14 mars : William évoque Kate pour la première fois depuis la photo retouchée

William continue d'assurer ses engagements comme si de rien n'était. Le 14 mars, tout sourire, alors qu'il décore des biscuits dans un centre de loisirs de l'est de Londres, il lâche en riant: "C'est ma femme, la créative (du couple)", allusion aux retouches Photoshop de Kate et à ses talents de photographe. Une chose est sûre, il n'entend pas répondre à la question: "où est Kate?".

Article original publié sur BFMTV.com