"Il n'y a pas de place pour pleurer sur la démocratie"

“Bien que les Frères musulmans cherchent à se cacher la
réalité, ce sont bien 30 millions d’Egyptiens qui sont descendus dans la
rue pour faire tomber le régime des Frères musulmans par la volonté du
peuple”, s’exclame Alaa Al-Aswani, l’auteur de L’Immeuble Yacoubian (roman paru en 2002 qui a connu un grand succès dans le monde arabe), dans
le quotidien libéral Al-Masri Al-Youm
. L’écrivain reprend à son compte une estimation
pour le moins optimiste du nombre de manifestants anti-Morsi du 30 juin
dernier. “Est-ce que la destitution de Morsi a été démocratique ?”
s’interroge-t-il. “En l’absence de Parlement, c’est au peuple d’exercer le
droit démocratique de destituer son président.” Et de qualifier la
manifestation anti-Morsi du 30 juin d‘ “assemblée générale du peuple”,
après quoi le chef de l’armée, Abdelfattah Al-Sissi, “n’avait d’autre choix
que d’exécuter la décision du peuple afin de sauver l’Egypte de la guerre
civile”.Eviter les “massacres”

Tout autre son de cloche chez l’éditorialiste vedette du
journal concurrent Al-Shorouk, Waël Al-Qandil. Lui aussi est un pro-révolutionnaire,
mais beaucoup plus critique vis-à-vis de la tournure que les événements ont prise. Il revient sur les 51
morts survenus lors d’affrontements avec l’armée, hier 8 juillet : “Le véritable
acquis de l’armée est qu’elle a réussi à pourrir la conscience de ceux qui
étaient révolutionnaires, mais qui se sont mis à porter du kaki et à danser sur
le sang des Egyptiens au son des fanfares militaires.” Il invite le
lecteur à se souvenir des “massacres” commis par l’armée à l’encontre
de manifestants pro-révolutionaires durant la période de transition entre la
chute d’Hosni Moubarak, en février 2011, et l’élection de Mohamed Morsi, en juin
2012 : “Devant la radio-télévision d’Etat à Maspero en octobre 2011, dans la
rue Mohamed Mahmoud [adjacente à la place Tahrir] en novembre 2011, puis devant
le Conseil des ministres [toujours dans les environs de Tahrir] en
décembre 2011.”

“Rappelez-vous la campagne que les révolutionnaires
avaient alors lancée contre les militaires, les accusant d’être des menteurs”
puisqu’ils avaient nié avoir fait un usage disproportionné de la force et
imputé la responsabilité de ces violences aux manifestants, explique Al-Qandil. Et d’assurer que “la véritable
catastrophe pour la conscience des révolutionnaires est le silence qu’ils
gardent depuis hier”. “Groupe terroriste”

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