Agressions d’Alain Finkielkraut et Véronique Genest à la Nuit Debout : que s’est-il vraiment passé ?

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(Photo: AFP/ALAIN JOCARD)

Depuis le 16 avril, la sphère médiatique s’indigne de l'expulsion du philosophe Alain Finkielkraut de l’événement #NuitDebout, n’hésitant pas parfois à grossir le trait. Mais quels sont les véritables faits, derrière le buzz du “banni” de la place de la République ?

Depuis samedi dernier, les médias ont ressassé l’information à vau-l’eau. Dans la soirée du 16 avril, le philosophe Alain Finkielkraut a été contraint de quitter sous un flot d’insultes la place de la République à Paris, où il était venu observer le mouvement citoyen “Nuit debout” qui occupe l’espace depuis plus de deux semaines.

Dans la foulée, la machine médiatique française s’est emballée tandis que les critiques opposées au mouvement #NuitDebout fusaient… au risque de déformer les faits. Des témoignages établis par des citoyens présents sur place offrent une version bien différente.

Pas d’agression immédiate pour Finkielkraut

Alain Finkielkraut est arrivé sur la place en début de soirée. A l’inverse de ce que les premiers médias ont rapporté, l’académicien français n’a pas été agressé immédiatement. “Il n’y a pas eu d’altercation tout de suite. (…) Il était sur un des côtés, personne ne lui a prêté attention. Il était là, il observait et rien ne s’est vraiment passé à ce moment-là puisque personne ne l’a empêché de regarder l’Assemblée populaire” raconte Marion, une participante de #NuitDebout, interrogée sur Europe 1.

Sur “Le blog de Fédé Davout, un autre citoyen évoque lui aussi les faits : “Là où Libération imagine un libre penseur agressé par une foule menaçante, nous avons vu au contraire un Académicien étonnement vulgaire menacer de «coups de latte» les quatre ou cinq personnes révoltées qui criaient pour réclamer son départ. En l'escortant jusqu'au trottoir, nous ne l'avons en aucun cas contraint à partir (il s'est au contraire montré surpris d'être protégé à Nuit Debout – ce qui laisse entrevoir l'accueil qu'il imaginait lui être réservé), tout comme nous ne l'avons pas protégé physiquement, puisque personne n'a tenté ni de le menacer ni de le suivre au-delà de la place.”

Dans une vidéo de France 2 (ci-dessus), le philosophe est visible, en train d’écouter l'Assemblée générale alors qu'il fait encore jour. C’est en repartant qu’Alain Finkielkraut aurait été interpellé par des participants. La zone de la place où a eu lieu l'altercation n'est pas soumise au contrôle des commissions ou un quelconque service d'ordre, contrairement à ce que certains affirment. Brassant des citoyens de tous bords politiques, le mouvement #NuitDebout n’a par ailleurs aucune possibilité d’être régi ou régulé par quiconque, à l’exception des forces de l’ordre qui encadrent chaque soir la place pour éviter les débordements violents.

Mais alors, d’où viennent les fausses informations au sujet de l’éviction d’Alain Finkielkraut ? C’est sur le “Cercle des Volontaires” qu’est d’abord apparue la vidéo de l’altercation entre l’intellectuel français et quelques individus. Ce site français, qui se définit comme un “média alternatif et indépendant”, reste classé dans la galaxie des sites d’extrêmes-droite et ne porte pas la #NuitDebout dans son cœur.

Véronique Genest, légèrement contradictoire sur I24News

Alain Finkielkraut n’a pas été la seule personnalité à faire converger l’intérêt des médias français vers les débordements de #NuitDebout, plutôt qu’aux thèmes qui y sont traités. Dans une interview à la chaine I24News dimanche 17 avril, Véronique Genest dit elle aussi avoir été victime d’une agression. C'est en sa qualité de “riveraine” de la place de la République que l'actrice, connue pour ses déclarations politiques controversées, a été invitée à s'exprimer sur le mouvement, qu'elle ne voit pas (du tout) d'un très bon œil.

“Moi aussi je me suis fait agresser, par des soi-disant organisateurs alors que soi-disant il n'y en pas (sic), moi j’ai pas dormi depuis 10 jours, c’est la musique en permanence, c’est des agressions, c’est le feu dans la rue, (…) un mec qui m’a agressée en me disant que j’étais une populiste“, a-t-elle affirmé. Relancée par le journaliste Paul Amar sur le lieu exact de l’agression, Véronique Genest a ensuite rectifié le tir : “Non, enfin, y a un théâtre juste en bas de chez moi, c’était en face du théâtre. Mais j’ai des témoins, hein”. Elle réfléchit actuellement à une pétition ou toute autre action en justice exécutable avec d’autres riverains, afin de rétablir le calme autour de chez elle.