Les nouveaux médicaments anti-obésité vont-ils révolutionner le traitement de cette maladie?

Le magazine Science avait qualifié ces médicaments de "découverte de l’année 2023". Une nouvelle génération de traitements contre l'obésité semble révolutionner la lutte contre cette pathologie et pourrait changer la vie de nombreux patients dans le monde.

Ce lundi 4 mars est la journée mondiale de lutte contre l'obésité. La barre du milliard de personnes touchées à travers le globe a été dépassée, ce qui correspond à une personne sur huit en situation d'obésité. Longtemps relativement épargnée, la France compte 8 millions de concernés. Un chiffre en augmentation.

Tous les regards sont aujourd'hui tournés vers le Wegovy, médicament-star du laboratoire pharmaceutique danois Novo Nordisk, et le Zepbound, du laboratoire américain Eli Lilly.

"C'est un changement de paradigme pour les patients et les médecins", concède Karine Clément, professeure au service de Nutrition de l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris.

Perte de poids

"On observe des pertes de poids de 10 à 15% au bout d'un an", explique Karine Clément.

Ces médicaments utilisent des molécules à base de GLP-1, hormones intestinales "qui vont avoir une action sur l'estomac, la vidange gastrique, et également sur le cerveau, sur le contrôle de la prise alimentaire", poursuit-elle.

Ils permettent ainsi de réguler la glycémie et renforcent la sensation naturelle de satiété. Par conséquent, ils entraînent une perte de poids. Des célébrités internationales comme la présentatrice Oprah Winfrey, le chanteur Robbie Williams ou encore Elon Musk ont affirmé y recourir et en ont loué les effets.

Déjà utilisés contre le diabète

Ces médicaments ne sont pas particulièrement récents. "Ils sont connus depuis des années car ils sont utilisés pour le traitement du diabète de type 2", explique ainsi Karine Clément.

"On peut voir que si on augmente les doses de ces traitements, on a des actions sur la perte de poids", continue la spécialiste.

Les personnes diabétiques "sont traitées avec ces médicaments depuis 10 ou 15 ans, sans que des signes inquiétants aient été détectés, ce qui est rassurant (en termes d'effets secondaires, NDLR)", explique ainsi au Figaro Emmanuel Disse, chef du service endocrinologie, diabète et nutrition aux Hospices civils et Lyon.

Une "maladie chronique"

L'obésité est reconnue comme une maladie depuis 1997 par l’Organisation mondiale de la santé. "C'est une maladie complexe, chronique, et qui implique de multiples facteurs", souligne Karine Clément.

Par conséquent, elle précise que malgré l'espoir que procurent ces médicaments, "une prise en charge médicale, psychologique, sur le comportement, l'activité physique et les changements de mode de vie" seront toujours essentielles pour les patients.

En outre, les essais thérapeutiques ont montré que lorsque le traitement est arrêté, les personnes reprennent généralement du poids.

"Jusqu'à présent, nous traitions l'obésité, qui est une maladie, comme le diabète et l'hypertension dans les années 1950: en s'attelant au symptôme, le poids, au moyen de régimes. Il est maintenant évident pour tout le monde que les patients ont également besoin d'un médicament qui traite le problème de fond, le stockage excessif d'énergie par le corps", salue Emmanuel Disse.

Un gigantesque marché

Le Wegovy a été approuvé par l'agence européenne des médicaments en janvier 2022 et est disponible dans plusieurs pays du continent. Toutefois, pour l'heure, ces médicaments ne sont pas remboursés en France et peuvent coûter entre 250 et 300 euros par mois.

Comme le note le Figaro, d'autres laboratoires pharmaceutiques travaillent pour mettre au point leurs propres traitements, ce qui permettrait à la fois d'augmenter la disponibilité des médicaments et de faire baisser leur prix.

Et le succès de ces médicaments pourrait avoir des conséquences économiques non-négligeables. Preuve de l'engouement, le danois Novo Nordisk a détrôné LVMH en bourse et est devenu la première capitalisation européenne. Celle de Eli Lilly s'est également envolée.

Aux États-Unis, la prise de ces médicaments induit en outre de nouveaux comportements de consommation. "Les patients semblent acheter moins de denrées alimentaires et notamment moins de produits gras et sucrés", indique John Plassard, directeur à la banque Mirabaud, dans des propos rapportés par Le Figaro.

En octobre, le patron du géant américain de la grande distribution Walmart a confirmé ces inflexions dans les courses des clients. Selon Le Monde, le jour de cette annonce, à Wall Street, Coca-Cola a chuté de 4,8 %, Pepsi, de 5,2 %, et Mondelez, le fabricant des biscuits Oreo, de 5,3 %.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - Pourquoi les traitements anti-obésité menacent l’équilibre économique mondial