La Haute autorité de santé ne recommande la chirurgie de l'obésité qu'"en dernier recours"

La chirurgie de l'obésité doit se faire "en dernier recours" et avec un suivi à vie, a jugé mercredi la Haute autorité de santé (HAS), qui a complété ses recommandations de parcours de soins pour cette pathologie et alerté sur la stigmatisation.

À l'approche de la Journée mondiale de l'obésité du 4 mars, l'autorité sanitaire a insisté dans un communiqué sur un "juste enchaînement des soins, au bon moment et par les bons professionnels" face à cette "maladie chronique complexe et multifactorielle", avec de nouvelles recommandations sur la prise en charge avant et après chirurgie.

"Pas chez les enfants, sauf cas exceptionnel"

Alors que la chirurgie bariatrique a augmenté depuis une dizaine d'années en France, une telle opération "doit intervenir en dernier recours", et "pas chez les enfants, sauf cas exceptionnel", a résumé le président de la HAS, Lionel Collet, lors d'une conférence de presse.

L'autorité sanitaire a recommandé aussi "une préparation de six mois au minimum, un suivi régulier spécifique après l'intervention et un suivi à vie de l'état de santé tout en maintenant les modifications des habitudes de vie".

Actuellement, "seuls 50% des patients opérés bénéficient d'un suivi à deux ans", s'est inquiétée la HAS.

Il faut "remettre les patients dans le circuit du soins, sinon on va perdre le bénéfice attendu de la chirurgie", a averti le Pr Pierre-Louis Druais, généraliste et vice-président d'une commission de la HAS. "Il n'y a pas de solution miracle, que des solutions dans le temps", pour lesquelles les médecins doivent "construire avec la personne un contrat de long terme" et "sans stigmatisation", a-t-il insisté.

"Avec un coup de bistouri et quelques mois, on fait perdre du poids, mais si on n'accompagne pas la personne à faire de l'activité physique ou à équilibrer ses repas, on la conduit à un échec et à une reprise de poids un peu conséquente", a renchéri Marie Citrini, patiente experte, alertant sur l'"auto-stigmatisation" de patients se percevant "toujours comme gros".

17% des adultes touchés par l'obésité en France

Pour "éviter toute rupture de soins, tout particulièrement si l'obésité entraîne d'autres maladies", la HAS a aussi plaidé pour davantage de coordination des soignants, du généraliste -"en première ligne"- aux diététiciens, infirmiers, psychologues, voire spécialistes et praticiens hospitaliers.

Il lui paraîtrait "bon" que l'Assurance maladie prenne en charge les consultations longues initiales - remboursées jusqu'alors aux seuls enfants- et, "pour les plus défavorisés", celles de diététiciens ou psychologues, selon son président.

En France, 4% des enfants et adolescents de 6-17 ans et 17% des adultes sont obèses. L'obésité est presque quatre fois plus fréquente pour les personnes défavorisées socialement.

Article original publié sur BFMTV.com