Ozempic, Trulicity: des patients diabétiques alertent sur leurs difficultés d'approvisionnement en médicaments
Les difficultés s'accumulent et devraient s'inscrire dans la durée. Les médicaments à destination des personnes diabétiques font l'objet de fortes tensions d'approvisionnement, notamment l'Ozempic, le Victoza et le Trulicity, trois médicaments "de la classe des analogues du GLP-1".
Depuis le 8 décembre dernier, les autorités sanitaires françaises restreignent la prescription de ces produits pour "permettre la continuité des soins pour ces patients". Ces molécules doivent être prescrites "uniquement" aux "patients déjà sous traitement".
"J'ai toujours une boîte d'avance"
Cette situation de rupture et de rationnement mène à deux problèmes. D'abord, elle empêche les nouveaux malades d'accéder aux traitements, comme le regrette Jean-François Thébaut, le vice-président de la Fédération française des diabétiques.
Les restrictions gênent "les patients qui devraient débuter leur traitement, ce qui est impossible puisque les 'doses d'initiation' ne sont plus disponibles", s'agace le vice-président.
Cette mesure de rétention, en plus d'empêcher l'accès aux nouveaux malades, n'a pas suffit pour régler la problématique de départ. Les personnes "déjà sous traitement" font l'objet de "difficultés extrêmement importantes", poursuit Jean-François Thébaut.
Un sentiment partagé par une patiente, qui s'est confiée au micro de BFMTV:
"Il y a des moments où ils (les médicaments, NDLR) étaient un peu en rupture de stock, j'ai été obligée de faire plusieurs pharmacies. Pour l'instant, ça a l'air d'être revenu à la normale. Je m'y prends à l'avance justement donc j'ai toujours une boîte d'avance".
Promesses des laboratoires
Quand peut-on espérer voir poindre la fin de la crise? Les premiers signaux ne sont pas encourageants. Philippe Besset, le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques français, prévoit que "toute l'année 2024 soit comme ça".
"C'est simple: la demande est supérieure à ce que les laboratoires produisent et fournissent. Cette demande est au niveau mondial. Je crains que toute l'année 2024 soit comme ça", estime-t-il, regrettant un manque de "visibilité" de la part des laboratoires.
Le laboratoire Lilly, qui commercialise le Trulicity, promet des "mesures exceptionnelles au niveau mondial" pour répondre à la demande. Il prévoit d'y répondre à l'aide de cinq nouveaux sites de production, "dont deux en Europe".
De son côté, Novo Nordisk, qui met sur le marché l'Ozempic et le Victoza, reconnaît que les "tensions vont perdurer en 2024" et promet de "tout mettre en œuvre pour remédier à cette situation aussi rapidement que possible, dans un contexte de très forte demande internationale".
Cette demande importante est, dans une proportion qui reste à déterminer, tirée par le succès des produits comme l'Ozempic sur les réseaux sociaux. Leurs propriétés amaigrissantes en font un objet de convoitise, au détriment des malades.