Nouveau Front populaire: combien va coûter (et rapporter) le programme, selon leurs calculs

Le Nouveau Front populaire a dévoilé ce vendredi, lors d'une conférence de presse, le détail de ses propositions macroéconomiques. La formation politique, comprenant notamment le Parti socialiste, La France insoumise, les Verts, le Parti communiste et le NPA, prévoit 25 milliards d'euros de dépenses publiques supplémentaires dès 2024.

Ce montant intègre une hausse de 10% du point d'indice des fonctionnaires, l'abrogation immédiate des réformes des retraites et de l'assurance chômage, la gratuité intégrale de l'école publique (cantine, périscolaire, fournitures, transports), ainsi que la revalorisation des aides aux logements (APL) de 10%.

Il prévoit aussi un relèvement de 14% du salaire minimum, pour porter le SMIC à 1.600 euros nets, ainsi que "le blocage des prix", sans plus de précision ni de liste des produits et services qui pourraient être concernés.

Un impôt sur la fortume qui doit rapporter 15 milliards d'euros

Pour financer ces dépenses, le Nouveau Front populaire (NFP) explique qu'il mettra en place une taxe sur les superprofits, qui doit rapporter 15 milliards d'euros, et qu'il rétablira un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) "avec une composante climatique". Ce nouvel ISF doit là aussi gonfler de 15 milliards d'euros les caisses de l'Etat.

"L'idée est de partager les richesses pour faire en sorte que la grande migration du travail vers le capital reparte dans l'autre sens, de façon à doper le pouvoir d'achat", a explique l'ex-député insoumis Eric Coquerel.

Pour cela, le Nouveau Front populaire entend notament "récupérer les cadeaux fiscaux faits aux plus riches", a assuré l'ex-président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale.

Des mesures fiscales qui "ne toucheront pas 92% des Français", a ajouté Eric Coquerel.

100 milliards de dépenses supplémentaires en 2025

En 2025, le Nouveau Front populaire prévoit la mise en place de nouvelles mesures, qui entraîneront 100 milliards d'euros de dépenses, et consistent "principalement" en divers investissements, dont le détail n'est pour le moment pas chiffré:

  • L’embauche d’enseignants pour réduire le nombre d’élèves par classe

  • Un plan pluriannuel de recrutement des professionnels du soin et du médico-social et de revalorisation des métiers et des salaires

  • L’intensification de la rénovation thermique en privilégiant les rénovations globales, en augmentant les aides dédiées et en mettant en place le 0 reste à charge pour celles et ceux qui en ont besoin

  • Le renforcement la structuration de filières françaises et européennes de production d’énergies renouvelables

  • L’introduction d’une garantie d’autonomie qui complète les revenus des jeunes situés sous le seuil de pauvreté.

Là encore, le Nouveau Front populaire assure avoir prévu en miroir les recettes fiscales nécessaires au financement de ses dépenses. Soit 100 milliards d'euros de rentrées fiscales, grâce à différentes nouvelles mesures:

  • La suppression des niches fiscales "inefficaces, injustes et polluantes", qui doit rapporter 25 milliards d’euros ;

  • Un impôt sur "les successions dorées qui rend l’impôt sur l’héritage plus progressif" et ciblerait les plus hauts patrimoines en instaurant une transmission maximale de 12 millions d’euros. De quoi ajouter "17 milliards d’euros" de recettes, selon le mouvement;

  • La mise en place d’un barème de 14 tranches de l’impôt sur le revenu pour le rendre plus progressif et la progressivité de la CSG (5,5 milliards d’euros) ;

  • La suppression de la flat tax, "pour que les revenus du capital soient imposés au même niveau que les revenus du travail" (2,7 milliards d’euros).

Un programme à 150 milliards d'euros en 2027

En 2027, le Nouveau Front populaire, qui dénonce "le désarmement fiscal" opéré par le président de la Réublique, Emmanuel Macron, chiffre à 150 milliards d'euros le total des dépenses publiques induites par son programme.

Dans les grandes lignes, 90 milliards d'euros seront consacrés à l'amélioration du pouvoir d'achat des Français, 30 milliards d'euros à la "bifurcation écologique pour préserver le climat et le vivant" et 30 autres milliards d'euros pour "réparer et développer les services publics".

Plus en détail, le Nouveau Front populaire prévoit:

  • De renouveler et développer le transport ferroviaire avec un plan pour le rail et le fret ;

  • De garantir l’accès aux services publics à toutes et tous sans condition de nationalité et sur tout le territoire par un plan d'investissement

  • De soutenir la filière du bio et l’agroécologie, encourager la conversion en bio des exploitations en reprenant leur dette dans une caisse nationale et garantir un débouché aux produits bio dans la restauration collective

  • D'adopter une loi intégrale pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles en portant le budget à 2,6 milliards d’euros comme demandé par les associations

  • De porter le budget de la culture à 1 % du PIB et celui du sport à 1 % du budget de l’État

  • De recruter massivement des fonctionnaires et de leur donner des moyens pour lutter efficacement contre la fraude fiscale et douanière

Les recettes fiscales sont également portées à 150 milliards d'euros en 2027, notamment grâce:

  • À l’application de l’impôt sur les bénéfices des multinationales (26 milliards d’euros) ;

  • À la montée en puissance d'une politique "en faveur de l’égalité salariale entre les femmes et les hommes" (10 milliards d’euros) ;

  • Au renforcement de la taxe sur les transactions financières (3 milliards d’euros).

Peu de détails sur les dépenses

Le chiffrage du programme du Nouveau Front populaire ressort pour le moment encore peu détaillé sur les dépenses par mesure, prenant des grandes masses financières par année, mais sans entrer dans le détail des chiffres pour telle ou telle proposition.

Il l'est déjà un peu plus sur les recettes fiscales, avec des montants fournis pour la plupart des mesures mises en place.

Ian Brossat, sénateur de Paris et porte-parole du Parti communiste, a fustigé "l'échec flagrant de la politique de l'offre" d'Emmanuel Macron, évoquant "une dégradation des finances publiques" et "du contexte social".

"C'est avec cette logique là que nous voulons rompre", a-t-il assuré. Le Nouveau Front populaire entend donc avant tout favoriser une politique de la demande, s'il venait à gouverner la France à l'issue des élections législatives le 7 juillet 2024.

Article original publié sur BFMTV.com