Dans le Nord, deux mineurs s’évadent d’un établissement pénitentiaire en sciant leurs barreaux

Deux jeunes se sont évadés en sciant les barreaux de leur cellule de l’établissement pour mineurs où ils étaient incarcérés respectivement pour viol sous la menace d’une arme et meurtre (photo d’illustration prise en novembre 2006 à Meyzieu, dans le Rhône, dans un Établissement pénitentiaire pour mineurs du même type que celui de Quiévrechain).

FAITS DIVERS - Une évasion digne des Dalton ou d’un film hollywoodien. Deux détenus de 17 ans, qui étaient incarcérés pour des faits très lourds dans l’établissement pénitentiaire pour mineurs de Quiévrechain, à la frontière avec la Belgique dans le département du Nord, se sont évadés dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 octobre en sciant leurs barreaux. Une information publiée en premier par Europe 1 et France Bleu, puis confirmée de source proche du dossier.

L’un des deux jeunes était en détention provisoire pour viol sous la menace d’une arme ; et le second pour meurtre, selon cette source, qui affirme qu’ils se sont servis de lames de scies pour s’évader. Tous deux étaient dans des cellules voisines, a-t-elle précisé.

Ce lundi soir, ils ont été retrouvés en Belgique et placés en garde à vue, a indiqué la procureure de la République Carole Etienne. Pour s’être fait la malle, les deux jeunes encourent une peine supplémentaire de dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.

Selon une source syndicale de l’Ufap, les détenus, après avoir scié leurs barreaux, auraient « tressé leurs draps pour escalader la toiture et descendre de l’autre côté » alors « qu’un véhicule les attendait à l’extérieur ». « La plaque d’immatriculation a été relevée par la vidéosurveillance de la ville et ils sont partis direction la Belgique toute proche de l’établissement », a ajouté cette source.

Même chez les mineurs, des détenus avec « des gros pedigrees »

« On a fait constater il y a plus d’un an que les jeunes pouvaient essayer de couper les barreaux avec les fourchettes et les couteaux avec lesquels ils mangeaient », a affirmé à l’AFP Guy Ryckewaert, 1er surveillant à Quiévrechain et délégué syndical Ufap-Unsa.

« L’administration pénitentiaire prend les établissements pour mineurs pour de petits établissements avec des personnes de faible catégorie pénale alors qu’on a, malheureusement pour nous, des terroristes. On n’a pas de mirador, pas de protection électrifiée, alors qu’on commence à avoir des jeunes avec des gros pedigrees », a-t-il regretté.

Pour le syndicat FO Justice, ces évasions sont le résultat « d’un cocktail explosif comprenant le manque d’effectifs en personnel », « le surmenage des agents », et « le placement de détenus inappropriés dans cet établissement », selon un communiqué sur son site internet.

Auprès de France Bleu, Christophe Lecuyer, secrétaire de la CGT à l’Établissement pénitentiaire pour mineurs de Quiévrechain (EPM), rappelle que les grillages sont régulièrement coupés et réclame des caillebotis aux fenêtres ainsi que le relèvement des grilles de promenade. « On demande d’urgence des travaux parce que là ça peut plus durer, on se demande ce qui va se passer la prochaine fois. »

Plusieurs évasions ces dernières semaines

L’EPM a ouvert en septembre 2007 pour accueillir soixante mineurs âgés de 13 à 18 ans, rappelait le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) dans un rapport publié en 2019. Selon la DISP (Direction interrégionale des services pénitentiaires) de Lille, 38 garçons et deux filles y sont actuellement détenus.

Cette double évasion fait suite à celle d’un détenu du centre pénitentiaire de Fresnes, dans le Val-de-Marne, dans la nuit de samedi à dimanche : hospitalisé au Kremlin-Bicêtre, dans le même département, il s’est évadé peu avant une heure du matin, pieds nus et seulement vêtu d’un caleçon et d’une chemise d’hôpital, selon les précisions d’une source policière.

Deux détenus de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, en Essonne, s’étaient quant à eux évadés mi-septembre lors d’une sortie dans la forêt de Fontainebleau, dans le département voisin de Seine-et-Marne, prétextant une envie pressante. L’un des deux a été arrêté à Pantin fin septembre, mais l’autre est toujours en fuite.

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