Le Nobel de littérature à la Française Annie Ernaux, un prix qui fait l’unanimité

“Chapeau”, s’exclame le quotidien autrichien Der Standard, en français dans le texte. “Annie Ernaux est plus qu’un bon choix, c’est un excellent choix”, réagit le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce 6 octobre, l’écrivaine française s’est vu décerner le prix Nobel de littérature. Une récompense dont elle ne voulait pas, la jugeant trop “écrasante”, avait-elle confié en début d’année au quotidien suisse Le Temps.

Même si certains auraient aimé que soit primé le Britannique Salman Rushdie, poignardé par un fondamentaliste musulman en août dernier à New York, ou un auteur comme les Russes Vladimir Sorokine et Lioudmila Oulitskaïa, ou l’Ukrainien Iouri Androukhovytch, plumes de la dissidence dans l’ancien espace soviétique, nul ne critique le choix d’Annie Ernaux pour succéder au Tanzanien Abdulrazak Gurnah, nobélisé en 2021.

Un prix Nobel “cent fois mérité”

“C’est une récompense cent fois méritée. Annie Ernaux est sans conteste un des écrivains phares de notre époque”, commente, par exemple, le quotidien belge Le Soir. “Elle a creusé profond en elle-même pour en extirper ce qui l’a construite et détruite. Et par l’écriture, pour se retrouver une identité.” Elle est “l’une des grandes représentantes en Europe du genre de l’autofiction, autrice d’une œuvre située entre le récit et la sociologie, le féminisme et l’engagement social”, approuve El País, quotidien espagnol de référence.

“Quoique depuis longtemps considérée en France comme un poids lourd de la littérature, et largement traduite en anglais depuis des décennies, [Annie Ernaux] n’avait pas joui d’une grande reconnaissance dans le monde anglophone jusqu’à ce que Les Années [paru en France en 2008] soit traduit en anglais [en 2017] et figure dans la short list de l’International Booker Prize”, une récompense de renom, nuance The New York Times, de l’autre côté de l’Atlantique.

Interrogé au téléphone par le quotidien new-yorkais, Jacques Testard, son éditeur au Royaume-Uni, a toutefois été l’un des premiers à souligner la pertinence sociale et politique du choix de l’écrivaine, au regard de certains événements survenus cette année – et notamment l’annulation par la Cour suprême américaine de l’arrêt Roe vs Wade qui protégeait jusqu’ici le droit à l’avortement. Dans L’Événement, paru en France en 2000 et adapté au cinéma par Audrey Diwan en 2021, Annie Ernaux a en effet raconté l’avortement clandestin qu’elle a subi douze ans avant la loi Veil.

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