Avec « Ninja Turtles : Teenage Years », le cinéma d’animation poursuit sa route loin de la patte Disney

En salle ce 9 août 2023, le film d’animation sur les Tortues Ninja confirme l’envie de certains studios de s’affranchir des méthodes qui ont longtemps contribué à l’hégémonie de Disney sur le cinéma d’animation.
En salle ce 9 août 2023, le film d’animation sur les Tortues Ninja confirme l’envie de certains studios de s’affranchir des méthodes qui ont longtemps contribué à l’hégémonie de Disney sur le cinéma d’animation.

CINÉMA - Alors que Barbie et Oppenheimer poursuivent leur folle envolée au box-office, un film d’animation plus discret a débarqué ce mercredi 9 août dans les salles obscures françaises. Un film avec un rat, des mutants et des tortues mordues de pizza, nommé Ninja Turtles : Teenage Years. Le projet est porté par le comédien et humoriste américain Seth Rogen pour faire renaître en animation la franchise culte des années 80 et 90, issue des bandes dessinées de Kevin Eastman et Peter Laird.

Sous forme de rite initiatique des Tortues Ninja, le film propose une relecture moderne et savoureuse des plus célèbres occupants des égouts de New York, comme vous pouvez l’apercevoir dans la bande-annonce ci-dessous.

Avec ce film, le cinéma d’animation poursuit surtout sa mue avec une nouvelle proposition visuellement renversante qui vient confirmer la belle embellie de ce genre cinématographique, avec de plus en plus de blockbusters capables de creuser leurs sillons loin des codes imposés depuis plusieurs décennies par le géant Disney. À tel point qu’on en viendrait presque à douter de la capacité du studio aux grandes oreilles à rester la référence ultime quand on parle d’animation sur grand écran.

Une animation qui change tout

À l’instar d’un certain Spider-Man into the Spider-Verse et sa suite Across the Spider-Verse, sortie fin mai, Ninja Turtles : Teenage Years adopte un style graphique bien différent du carcan Disney, préférant puiser dans l’héritage du travail et des innovations qui ont permis au film d’animation Spider-Man de décrocher l’Oscar du meilleur film d’animation en 2019, devançant alors Les Indestructibles 2 et Ralph 2.0, deux films des studios Disney/Pixar.

Parfois poisseuse mais jamais hideuse, crayonnée mais jamais enfantine, la direction artistique de ce nouveau film sur les Tortues Ninja offre une seconde claque visuelle après la sortie d’Across the Spider-Verse, devenu le maître étalon de cette nouvelle animation débridée, généreuse et prête à s’affranchir des codes classiques pour mieux rendre hommage au matériau qu’elle adapte. En l’occurrence les pages de bande dessinée.

Léger, dynamique, inventif et réjouissant visuellement, le film sur les Tortues Ninja a des arguments pour concurrencer les blockbusters estivaux.
Léger, dynamique, inventif et réjouissant visuellement, le film sur les Tortues Ninja a des arguments pour concurrencer les blockbusters estivaux.

Également adapté d’un comic-book, Ninja Turtles : Teenage Years suit ce même credo. Offrant ainsi des rendus où l’aspect crayonné des décors et des personnages donne la vague impression de voir des planches de dessins reproduites telles quelles à l’écran. Et ce n’est pas un récit parfois (trop) balisé dans ses messages et sa morale qui viendront gâcher la fête et l’envie d’en voir davantage.

Quand le chat n’est pas là, les souris dansent

Car du côté Disney, le genre n’est pas à la fête. Entre les licenciements majeurs chez Pixar, les adaptations bien tièdes de ses grands classiques en prises de vues réelles ou l’absence de sortie en salle pour une partie des derniers projets Pixar (Alerte Rouge, Soul et Luca), force est de constater que l’attrait des spectateurs pour l’animation façon Disney semble avoir pris un coup dans l’aile.

La faute à une nouvelle offre variée et qui ose. On peut citer Les Mitchell contre les machines en 2021, un film Netflix écrit et coréalisé par le réalisateur des Tortues Ninja version 2023 ; Le Chat Potté 2, vraie fausse suite où l’animation était le point fort du film ; sans oublier Les Bads Guys du Français Pierre Perfiel pour le studio Dreamworks.

Sans être révolutionnaires, un certain nombre de films d’animation qui ont suivi la sortie de « Spider-Man Into the Spider-Verse » ont adopté une approche visuelle plus innovante et audacieuse.
Sans être révolutionnaires, un certain nombre de films d’animation qui ont suivi la sortie de « Spider-Man Into the Spider-Verse » ont adopté une approche visuelle plus innovante et audacieuse.

Et cette année, l’argument d’une animation originale et renversante poursuit sa route sans Disney (ou presque). À l’exception d’Élémentaire pour Pixar, les trois films d’animations qui ont dépassé le million d’entrées au box-office français ne sont pas estampillés Disney : Spider-Man Across The Spider-Verse (presque 2 millions d’entrées), Miraculous (1,3 million d’entrées) et Super Mario Bros, film actuellement le plus vu en salle en 2023 avec plus de 7 millions d’entrées, très loin devant le dernier Astérix et Obélix de Guillaume Canet ou n’importe quelle autre superproduction américaine comme Indiana Jones, Les Gardiens de la Galaxie 3 ou Fast and Furious X. Quant aux films d’animation Disney, on les cherche encore…

Les films ayant dépassé la barre du million d’entrées dans les salles françaises en 2023 (chiffres arrêtés au 3 aôut).
Les films ayant dépassé la barre du million d’entrées dans les salles françaises en 2023 (chiffres arrêtés au 3 aôut).

Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la rumeur d’une nomination aux Oscars pour Spider-Man Across the Spider-Verse dans la catégorie Meilleur Film (plutôt que Meilleur Film d’animation) fait son bout de chemin dans les couloirs d’Hollywood. Une nomination si rare pour un film d’animation que cela ne s’est produit que trois fois dans l’histoire des Oscars. En 1991 avec La Belle et la Bête, en 2009 avec Là-Haut, et en 2010 avec Toy Story 3. Mais aucun de ces films estampillés Disney/Pixar n’était reparti avec la plus prestigieuse des statuettes dorées.

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