Nicolas Bedos : ce que l'on sait des nouvelles accusations de viol et d'agressions sexuelles contre le cinéaste

Trois nouvelles femmes ont déposé plainte contre le réalisateur pour viol et agressions sexuelles.

Nicolas Bedos : ce que l'on sait des nouvelles accusations de viol et d'agressions sexuelles contre le cinéaste

Trois nouvelles plaintes ont été déposées contre Nicolas Bedos, déjà visé depuis plusieurs semaines par des accusations d'attouchement sexuel. Le 5 juillet dernier, une enquête préliminaire a été ouverte pour viol et agressions sexuelles contre l'acteur et réalisateur, a appris BFMTV de source proche de l'enquête, confirmant une information de Mediapart.

En effet, le cinéaste de 44 ans était déjà visé depuis le 12 juin dernier par une plainte pour attouchement sexuel dans une boîte de nuit, des faits qui auraient été commis dans la nuit du 1er au 2 juin 2023.

• De quoi est accusé Nicolas Bedos ?

L'acteur et réalisateur est visé par trois nouvelles plaintes de trois femmes distinctes. Selon les informations de Mediapart, l’une de ces plaintes a été déposée pour "viol et agression sexuelle" et les deux autres pour "agression sexuelle".

C'est à la suite de ces trois plaintes, déposées "fin juin" selon Mediapart, qu'une enquête préliminaire a été ouverte, le 5 juillet dernier, contre Nicolas Bedos pour viol et agressions sexuelles.

Une des plaignantes a été entendue par les enquêteurs, le 4 juillet, et une deuxième doit l’être le 21 juillet, affirment nos confrères. La date d'audition de la troisième plaignante n'est pas connue. Les investigations ont été confiées au 1er district de police judiciaire (DPJ), ajoute Mediapart.

• Que racontent les plaignantes ?

Mediapart a pu recueillir les témoignages de deux des plaignantes. La première, présentée comme "une comédienne et scénariste de 50 ans", a envoyé un courrier à la procureure de la République de Paris, le 27 juin dernier, auquel nos confrères ont eu accès. "À la fin des années 1990, il m’a agressée sexuellement et physiquement dans des circonstances de travail et d’amitié", raconte-t-elle.

En 1999, elle a 26 ans et tente sa chance comme comédienne. Elle passe des essais avec Nicolas Bedos, alors conseiller pour Canal+. Une "forme de relation amicale" s’instaure, même si le cinéaste est "odieux" et a des "attitudes parfois violentes", raconte-t-elle. Un soir, elle l'accompagne à une soirée, puis chez ses parents, à Neuilly (Hauts-de-Seine), où il habite. Nicolas Bedos insiste pour qu'elle vienne "dans sa chambre", mais elle refuse, selon elle. Le cinéaste l’aurait alors "attrapée à la gorge, plaquée contre le mur" en lui lançant: Tu te prends pour qui, t’es pas Catherine Deneuve !".

La plaignante, qui affirme avoir eu "super peur", raconte que "son visage avait changé". "Il y avait un mépris dans sa voix, du dégoût presque, j’étais dans un état de terreur, incapable d’articuler un mot", selon elle. Par la suite, elle se serait "laissé faire pour monter dans sa chambre". Elle affirme se souvenir d'un rapport sexuel où elle aurait "eu mal alors qu’il [la] pénétrait".

La deuxième plaignante, Marion*, elle, a rencontré Nicolas Bedos dans un cadre privé, alors qu'elle était adolescente. C'est lors d'un séjour de vacances, dans la maison louée pour l'été par le cinéaste et sa compagne, qu'il aurait eu "à [son] égard un comportement déplacé et violent", explique-t-elle dans son courrier, adressé au parquet de Paris, le 28 juin, auquel Mediapart a eu accès.

Le cinéaste aurait tenté "de [l’]embrasser de force" dans une pièce où elle se trouvait "seule avec lui". Elle le repousse, mais Nicolas Bedos serait "devenu agressif", "[l’]empêchant de sortir" de la pièce "en [la] tenant fermement par les épaules et en continuant à essayer de [l’]embrasser", raconte-t-elle. "Et ce jour-là, j’ai eu peur de celui que je considérais comme un ami", ajoute-t-elle. Elle a confronté le réalisateur par SMS. "Son excuse a été l’alcool, il ne se souvenait de rien… […] Pour moi, cela relève plus du modus operandi que de "'l’excuse'".

• Pourquoi le cinéaste est-il déjà accusé d'attouchement sexuel ?

Depuis le 12 juin dernier, Nicolas Bedos est déjà visé par une première plainte, déposée pour attouchement sexuel. Les faits auraient été commis en boîte de nuit le 2 juin 2023. La plaignante, une jeune femme de 25 ans, accuse le cinéaste de l’avoir touchée au niveau des parties intimes, par-dessus son pantalon.

Dans son récit livré aux enquêteurs, consulté par l’AFP, elle affirme qu'il se serait dirigé vers elle, sans qu’elle ne le reconnaisse. "J’ai alors vu franchement son regard sur moi", dit-elle. Puis "sans s’exprimer", Nicolas Bedos a touché ses parties intimes par-dessus son pantalon, d’après la plaignante, qui explique "l’avoir repoussé" puis reconnu en lui disant: "Va te faire soigner!".

Un vigile aurait ensuite conduit le réalisateur hors de l’établissement. Interrogée par les enquêteurs sur la nature du geste, la plaignante a expliqué qu’il y avait eu "un frottement". L’avocate de Nicolas Bedos a assuré que le réalisateur lui avait "présenté ses excuses".

À l'issue de sa garde à vue, le 22 juin dernier, le cinéaste s'est vu remettre une convocation par un officier de police judiciaire pour être jugé au début de l'année 2024. Il risque, pour ces faits, jusqu'à 5 ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

• Pourquoi les trois nouvelles plaignantes ont-elles décidé de porter plainte ?

À l'issue de sa garde à vue, le 22 juin dernier, sur la première plainte pour attouchement sexuel, Julia Minkowski, l'avocate de Nicolas Bedos, avait indiqué que l'acteur ne voulait "pas remettre en doute la parole de la plaignante qui décrit un geste déplacé de quelques secondes par-dessus son jean".

En revanche, avait-elle ajouté, "un tel geste, dont il n’a pas le souvenir, qui se serait produit sur la piste de danse d’une boîte de nuit, n’a pu être qu’accidentel sous l’effet de l’ébriété".

Ce sont les propos de l'avocate de Nicolas Bedos qui auraient décidé ces trois femmes à déposer plainte contre le cinéaste.

"C'est ce mot 'accidentel' qui a fait réagir plusieurs femmes", explique à BFMTV la journaliste de Mediapart qui a réalisé l'enquête, Marine Turchi.

"Elles nous ont confié leur récit, elles nous ont dit 'selon moi, ce n'est pas accidentel, parce que voilà ce qui m'est arrivé'", ajoute-elle, précisant avoir reçu "d'autres témoignages qui ne sont pas judiciarisés".

Dans son courrier envoyé à la procureur, Chloé, l'une des plaignantes, explique que "toutes ces années", elle a "espéré qu’une femme plus courageuse" porte plainte. "Il semble que cela soit arrivé", affirme-t-elle.

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - La Minute de Nicolas Bedos