« On ne vote pas “pour”, notre consentement nous est extorqué »

Clotilde Leguil à Paris, juin 2021.  - Credit:Photographer: Samuel Kirszenbaum
Clotilde Leguil à Paris, juin 2021. - Credit:Photographer: Samuel Kirszenbaum

La psychanalyse peut-elle nous éclairer sur notre époque ? Depuis une dizaine d'années, Clotilde Leguil s'attache à ancrer les théories de Freud et de Lacan dans les questionnements contemporains. Après avoir travaillé sur le genre, le consentement et l'identité, elle a publié en novembre dernier L'Ére du toxique aux Presses universitaires de France. Un « essai sur le nouveau malaise dans la civilisation » touchant du doigt cette atmosphère irrespirable qui contamine notre rapport aux autres et au monde extérieur. Alors que l'actualité devient anxiogène pour certains, Clotilde Leguil partage son regard de psychanalyste sur notre temps politique.

Le Point : Dans votre cabinet, vos patients vous parlent-ils de cette actualité politique troublée ? Expriment-ils une souffrance, une angoisse de l'inconnu ?

Clotilde Leguil : La situation politique a en effet des résonances au cœur du plus intime, et la parole des patients en témoigne. C'est l'affect d'angoisse qui prédomine, l'angoisse de ce qui va arriver, l'angoisse de ce qui nous attend et chacun tente de dire quelque chose des échos plus singuliers que peut avoir ce moment politique troublé selon son histoire propre. Cette angoisse, qui prend au corps, est donc au carrefour de l'intime et du politique. Cela nous montre que l'angoisse est à la fois une expérience de corps mais aussi un affect qui surgit dans le rapport à l'autre. L'affect d'angoisse est cette inquiétude qui surgit en nous par rapport à ce que l [...] Lire la suite