"Je ne peux pas admirer quelqu'un qui hait les Juifs": Darmon dénonce l'antisémitisme de Godard

"Je ne peux pas admirer quelqu'un qui hait les Juifs": Darmon dénonce l'antisémitisme de Godard

Invité sur le plateau de C à vous mercredi soir, Gérard Darmon a refusé de rendre hommage à Jean-Luc Godard, mort la veille. "L'homme qu'il était n'a pas été très bienveillant pour ma communauté. Pour les Juifs en général, et pour Israël en particulier", a expliqué à Anne-Elisabeth Lemoine le comédien, fils de Juifs séfarades algériens.

"Je trouve que les propos qu'il a tenus étaient absolument inadmissibles. C'était de l'antisémitisme, c'était du négationnisme, c'était du révisionnisme", a-t-il déclaré, avant d'ajouter qu'il a été "plus touché par la disparition de la reine Elizabeth".

"Je ne peux pas admirer Jean-Luc Godard, je ne peux pas admirer quelqu'un qui hait à ce point les Juifs. Tout comme jamais je ne lirai du Céline ou encore ne m'extasierai devant les peintures de Hitler", a-t-il ajouté. "Paix à son âme, mais ce n'est pas quelqu'un que j'apprécie, que j'aime. C'est tout ce que j'ai à dire de lui."

Gérard Darmon cite en particulier le documentaire Ici et Ailleurs, un film pro-palestinien de Godard qui avait fait scandale dans les années 1970. "Il y dit que les Juifs de la Shoah s'étaient fait tuer exprès pour que trois ans après on reconnaisse Israël. Et quand je pense que certains adhèrent à ces propos, je trouve ça honteux."

"Obscène et antisémite"

Les accusations d'antisémitisme contre Jean-Luc Godard existent depuis des années, comme le souligne Libération. Selon le quotidien, la réalisatrice Chantal Akerman avait taxé son film Notre Musique (2004) d'"obscène et antisémite". Et le philosophe Gilles Deleuze avait été choqué que Godard qualifie de "fiction" le sionisme.

De nombreuses personnalités du monde de la culture, comme François Truffaut ou Bernard-Henri Lévy, ont rapporté aussi dans la presse ou dans des livres des saillies antisémites de Godard qu'ils auraient entendues. Saillies que Godard n'a jamais réfutées lors des nombreuses interviews qu'il a accordées au cours de sa vie.

"Godard était radical, et pétri de la volonté que ses propos participent au débat public sur les questions qui l’animaient politiquement", note ainsi Libé. "Je ne veux pas ajouter des mots aux mots", avait déclaré un jour Godard, qui avait continué de soutenir jusqu'à ses derniers jours la cause palestinienne.

En 2018, le réalisateur de 87 ans avait signé une pétition appelant au boycott de la saison France-Israël organisé par l'Institut Français. Il avait aussi apporté son soutien à la campagne "Boycott, désinvestissement et sanctions", qui avait appelé au boycott d'Israël.

Article original publié sur BFMTV.com