"On ne peut pas se fâcher vraiment avec les insoumis": pourquoi la Nupes ne craque pas à l'Assemblée

Tiendra? Tiendra pas? Sous très forte pression depuis des mois, la Nupes semble au bord de l'implosion, après la position jugée ambiguë de certains insoumis sur le Hamas après les attaques menées le 7 octobre en Israël. Si le ton est monté ces derniers jours, poussant de fervents soutiens à l'union de la gauche à prendre leur distance, l'heure n'est pas à la rupture.

"On ne veut pas casser l'union de la gauche mais pousser à un électrochoc. On ne fonctionne pas bien depuis un an et à un moment, il faut le dire et surtout l'acter pour avancer", résume le député socialiste Philippe Brun auprès de BFMTV.com.

"On a des désaccords très bruyants mais on est d'accord à 90%"

Preuve que l'ambiance est glaciale sans pourtant tourner à la tempête: plus d'une quarantaine de députés de gauche communistes et écologistes - mais pas socialistes - ont voté la motion de censure déposée par Mathilde Panot et ses députés après un 49.3 lié au budget.

"On a des désaccords très bruyants mais la réalité, c'est qu'on est d'accord à 90%. On est poussé à manifester notre éloignement et on voudrait tous l'éviter. On ne va pas gagner en 2027 en s'écharpant", soupire un proche d'Olivier Faure.

C'est pourtant lui, l'un des plus fervents soutiens de l'union, qui a pris ses distances en lançant un "moratoire" sur l'intergroupe. Comprendre: les socialistes ne participeront plus tous les mardis à l'Assemblée nationale aux discussions des partenaires de la gauche.

"Un peu hausser la voix mais pas trop non plus"

Exit pour l'instant ce rendez-vous formel mais les échanges vont bien continuer.

"Jean-Luc Mélenchon reste en tête de tous les sondages quand on parle aux sympathisants de gauche. Je le regrette mais c'est comme ça. On peut un peu hausser la voix mais pas trop non plus", avance un collaborateur de groupe.

Les écologistes ont manifestement reçu le message. C'est par un court mail aux 151 députés de la Nupes que Cyrielle Chatelain, la numéro un des députés écologistes, a appelé à de nouvelles "modalités de travail". La critique se veut mezza-voce tout comme la prise de distance.

"On ne peut pas se fâcher vraiment"

Près de la moitié des élus verts, à qui a été laissé une liberté de vote, ont signé la motion de censure déposée par les insoumis.

"Ces signatures sont à l'image du groupe. Certains pensent qu'on peut tout remettre à plat, d'autres sont plus sceptiques et ne veulent pas sombrer avec le bateau LFI", décrypte un député écologiste qui a apposé son paraphe.

"La vérité, c'est qu'on a fait moins de 5% à la présidentielle, qu'on a un groupe de 23 députés après 5 ans sans personne à l'Assemblée et qu'on ne peut pas se fâcher vraiment avec les insoumis qui est notre principal partenaire", grince l'un de ses collègues.

"On ne va pas s'en sortir mieux divisé"

Fabien Roussel qui se verra bien repartir en campagne pour l'Élysée se pose, lui, moins de questions, sans convaincre ses troupes.

Tout en "promettant une discussion" pour sortir la Nupes, les communistes en font toujours bien parti. Des échanges ont certes déjà eu lieu en bureau national mais rien de concret n'en en sorti.

"On va bien sûr continuer à être ensemble. On ne va pas s'en sortir mieux divisé", assume le PCF Nicolas Sansu qui fait partie des 14 élus du groupe sur 21 à soutenir la motion de censure déposée par LFI.

"Marine Le Pen qui est devant"

Au quotidien, les groupes de gauche votent d'ailleurs de façon très similaire. Les socialistes, par exemple, se sont prononcés à 77% du temps comme les écologistes et à 72% comme les insoumis, selon le site datan.fr.

"On travaille bien en commission tous ensemble, on produit des amendements de qualité. Personne ne peut dire le contraire", avance Sophie Taillé-Polian, députée apparentée écologiste.

Pas suffisant cependant pour espérer gagner en 2027 pour les voix critiques.

"On devrait être en tête des sondages compte tendu du contexte social. Mais c'est Marine Le Pen qui arrive devant. C'est ça qui doit changer et on n'y arrivera pas en restant dans une communication outrancière", s'agace le député socialiste Philippe Brun.

Les insoumis défendent "leur programme de gouvernement" écrit collectivement

Les prises de distance des partenaires de la gauche peuvent-ils infléchir la stratégie de radicalité choisie par les insoumis et qui leur a permis d'obtenir 21,95% des voix en 2022 au premier tour?

Mathilde Panot a répondu ce jeudi, défendant "un programme de gouvernement écrit" avec les socialistes, les appelant à "clarifier" leur place dans la Nupes.

Article original publié sur BFMTV.com