Naufrage de migrants au large de la Grèce : le rôle des garde-côtes en question

Près d'Athènes ce dimanche, quelque 200 personnes ont manifesté au port du Pirée devant les bureaux de l'agence européenne des frontières (Frontex) et des Garde-côtes grecs.

Les manifestants ont dénoncé la gestion du naufrage d'un chalutier, mercredi dernier, au large du Péloponnèse. Le navire était parti de Libye avec à son bord de très nombreux migrants.

Un naufrage dramatique au cour duquel au moins 78 personnes ont péri et pour lequel des témoins ont fait état de plusieurs centaines de disparus (entre 500 et 750 victimes selon des rescapés).

Depuis cette catastrophe humanitaire, outre les ONG et des politiciens d'opposition, des experts en question migratoire sont également montés au créneau : tous se demandent si les garde-côtes grecs n'auraient pas dû intervenir plus tôt afin de secourir ce chalutier. Car il est un fait établi : un navire des garde-côtes grec a bel et bien escorté le navire pendant des heures et a assisté, impuissant, à son naufrage.

Signe de l'ampleur de cette catastrophe, la cour suprême grecque a demandé l'ouverture d'une enquête pour déterminer les responsabilités.

Hans Leijtens, le patron de Frontex, s’est rendu dès jeudi à Kalamata pour chercher à "mieux comprendre ce qu'il s’est passé car Frontex a joué un rôle" dans cet "horrible" naufrage.

Des passagers auraient refusé d'être pris en charge

Vendredi, l’ONU a également demandé des investigations rapides et des mesures "urgentes et décisives" pour éviter de nouveaux drames.

Selon la thèse officielle, certes, les autorités grecques avaient bel et bien repéré le chalutier avant son naufrage, mais les passagers auraient refusé d'être pris en charge, souhaitant regagner l'Italie plutôt que la Grèce.

Mais selon le témoignage de passagers, recueillis par téléphone avant le naufrage, des personnes à bord se sentaient en danger et ont lancé des appels à l'aide répétés plus de 15 heures avant la catastrophe.

Pour les experts, les garde-côtes grecs auraient dû intervenir quoi qu’il arrive. Selon Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) pour la Méditerranée centrale et occidentale, "l’argument grec selon lequel les personnes ne voulaient pas être secourues pour poursuivre leur route vers l’Italie ne tient pas".

"C’est aux autorités grecques qu’il incombait de procéder ou, au moins, de coordonner une opération de sauvetage, en utilisant soit leurs propres navires de sauvetage soit en faisant appel à tout autre bateau sur zone, y compris à des navires marchands", a-t-il jugé.

"Selon le droit maritime international, les autorités grecques auraient dû coordonner plus tôt cette opération de sauvetage, dès lors que Frontex avait repéré ce bateau en détresse", a-t-il poursuivi. "On ne demande pas aux personnes à bord d’un bateau à la dérive s’ils veulent de l’aide […] il aurait fallu une aide immédiate", a critiqué pour sa part Nikos Spanos, expert international des incidents maritimes.

Le Pakistan a arrêté dix trafiquants présumés

Dans cette affaire tentaculaire, les autorités pakistanaises ont annoncé dimanche avoir arrêté dix personnes soupçonnées d'être impliquées dans le trafic d'êtres humains lié au naufrage du chalutier qui a chaviré.