"Je n'ai pas peur": en Russie, les hommages à Alexeï Navalny se poursuivent trois jours après ses funérailles

Une émotion toujours aussi forte, trois jours plus tard. Après les funérailles d'Alexeï Navany qui se sont tenues vendredi 1er mars à Moscou, la tombe de l'opposant de Vladimir Poutine, mort dans des conditions inconnues en détention, est le théâtre d'un flux quasi-ininterrompu de Russes qui veulent lui rendre hommage.

Au cimetière Borissovo, dans le sud-est de la capitale russe, la queue s'étend sur plusieurs centaines de mètres. Elle est composée d'une population plutôt jeune, et beaucoup tiennent en main une fleur qui sera déposée sur la sépulture déjà abondamment fleurie.

"Nous sommes venus parce que Alexeï Navalny est le héros de la Russie, un homme bon et brillant comme un soleil, un homme qui a souffert pour la justice et la vérité", dit une jeune femme. "Il nous a toujours dit que si on le tuait, ça signifierait que notre force est illimitée. Je veux ressentir cette force", assure une autre.

Alors que la présence policière a été largement réduite par rapport aux jours précédents, bon nombre de Russes estiment ne plus avoir peur du régime actuellement en place.

"Peur? Non, Alexeï nous a dit de ne pas avoir peur, je n’ai pas peur. J’espère vivre jusqu’à la mort du tyran (Vladimir poutine, NDLR) et alors tout changera", dit une femme venue se recueillir.

"C'est comme un vote"

Ces nombreux hommages interviennent deux semaines avant la présidentielle (15-17 mars) que Vladimir Poutine devrait remporter sans surprise, aucun candidat anti-Kremlin n'ayant été autorisé à y participer

S'il est élu, l'actuel président russe resterait au pouvoir au moins jusqu'en 2030, soit trois décennies après son arrivée au Kremlin sur les braises de la seconde guerre en Tchétchénie pour remplacer Boris Eltsine, alors affaibli par la maladie. Alexeï Navalny avait pour sa part été empêché de participer au scrutin précédent, en 2018.

Mais les multiples hommages de Russes ordinaires ces derniers jours, "c'est comme un vote", selon Alexandre, un ingénieur du son de 45 ans qui y voit là "le choix du peuple."

"C'est dur, mais quand je suis arrivée le premier jour (...) j'ai vu le monde, une certaine force s'est dégagée", appuie Olga, une graphiste de 25 ans. "C'est difficile, mais j'ai l'impression de renaître à l'intérieur", dit-elle, promettant de "ne pas abandonner, comme l'a demandé Alexeï."

Le président russe n'a lui toujours pas commenté la mort de son principal adversaire dont il ne prononce jamais le nom. Sa famille, ses proches et de nombreux dirigeants occidentaux ont accusé le maître du Kremlin d'être "responsable" de son "meurtre", ce que le Kremlin rejette vigoureusement.

Article original publié sur BFMTV.com