Russie: seul opposant de Poutine, Nadejdine annonce le rejet de sa candidature à la présidentielle

Boris Nadejdine, le seul candidat à vouloir s'opposer frontalement à Vladimir Poutine à l'élection présidentielle en Russie et qui ait dénoncé son offensive en Ukraine, a annoncé jeudi que sa candidature avait été rejetée par la Commission électorale (CEC).

"Participer à l'élection présidentielle de 2024 est la décision politique la plus importante de ma vie. Je ne reviens pas sur mes intentions. Je ferai appel de la décision de la Commission électorale auprès de la Cour suprême", a-t-il déclaré sur Telegram.

L'instance en charge de l'organisation des scrutins en Russie, fidèle au Kremlin, n'a pas encore officialisé cette décision, mais selon l'opposant celle-ci ne fait aucun doute.

La CEC lui reproche de ne pas avoir récolté les 100.000 signatures valides d'électeurs le soutenant pour pouvoir se présenter. Lundi, un groupe de travail de la Commission avait rendu un avis négatif sur sa candidature, assurant avoir trouvé 15% de "signatures erronées" parmi celles soumises, soit trois fois plus que le plafond d'erreurs autorisé.

"Des dizaines de millions de personnes allaient voter pour moi"

Ce vétéran discret de la vie politique a canalisé les espoirs des Russes opposés à la politique du Kremlin, en l'absence d'autres figures d'opposition plus connues qui sont toutes en exil ou en prison à l'image d'Alexeï Navalny, détenu dans l'Arctique. Malgré un recours annoncé, ses chances d'aboutir sont désormais quasi-nulles.

Boris Nadejdine ne se faisait guère d'illusions sur ses chances de succès à la présidentielle, mais avait néanmoins dit à l'AFP fin janvier espérer que le scrutin puisse marquer le "début de la fin" de l'ère Poutine.

"Des dizaines de millions de personnes allaient voter pour moi. Je suis en deuxième position derrière Poutine!", a-t-il clamé ce jeudi devant la CEC.

Ancien député libéral à la carrière politique jusque-là discrète, Boris Nadejdine promet d'arrêter le "cauchemar" de l'offensive en Ukraine, de mettre fin à la "militarisation" de la Russie et libérer "tous les prisonniers politiques".

Le seul opposant à Vladimir Poutine

Peu connu hors du minuscule milieu libéral, l'intéressé raconte s'être lancé en octobre parce qu'aucune figure anti-Poutine plus célèbre n'avait sauté le pas.

Le Kremlin n'a, lui, pas caché son dédain pour cet opposant. "On ne le considère pas comme un concurrent", avait lâché à la presse fin janvier Dmitri Peskov, porte-parole du président russe.

Le premier tour de l'élection doit se tenir du 15 au 17 mars prochain. Il s'agit du premier scruti, présidentiel depuis que Vladimir Poutine a modifié la constitution afin de pouvoir briguer deux mandats de plus, lui qui en compte déjà quatre depuis 1999.

Après deux premières élections, l'homme fort du Kremlin avait occupé durant quatre ans le poste de Premier ministre entre 2008 et 2012 - en raison d'une limitation des mandats qui n'existe donc plus - avant d'être réélu à deux reprises au poste de président.

Face à des candidats qui soutiennent tous peu ou prou sa politique, sa réélection ne fait guère de doute. En l'état actuel de la législation russe, il peut légalement se maintenir au Kremlin jusqu'en 2036, l'année de ses 84 ans.

Article original publié sur BFMTV.com