"Je n'ai été au courant de rien", des cadres de LFI s'nsurgent de la prise de pouvoir de Bompard

Manuel Bompard (LFI) lors d'une conférence de presse de la Nupes sur les
Manuel Bompard (LFI) lors d'une conférence de presse de la Nupes sur les

Ce proche de Jean-Luc Mélenchon va prendre la direction de La France insoumise ce samedi à Paris lors d'une assemblée convoquée pour approfondir et diversifier l'ancrage territorial du mouvement.

Une nomination qui divise. Dévoilée samedi sans inclure plusieurs de ses figures, la décision de la prise en main de la France insoumise par Manuel Bompard, proche de Jean-Luc Mélenchon, menace selon certains cadres de plonger le parti dans la crise en raison selon eux d'un manque de démocratie.

À l'Assemblée représentative de LFI à Paris, la composition des différents pôles de la direction a été annoncée aux 160 cadres et militants présents. Manuel Bompard, qui avait annoncé jeudi à l'AFP qu'il "poursuivrait le travail" entamé officieusement après le retrait en septembre d'Adrien Quatennens, ne sera pas désigné formellement samedi par ces pôles, mais dans les prochains jours, a précisé une source proche de la direction.

Tandis que plusieurs jeunes partisans de Jean-Luc Mélenchon comme Bastien Lachaud, Paul Vannier ou Antoine Léaument font partie de cette "coordination", ce n'est pas le cas de figures comme les députés Alexis Corbière, Clémentine Autain, François Ruffin ou encore Eric Coquerel.

Des piliers pestent

À l'heure où les autres partis de l'alliance de gauche Nupes sont en congrès et votent, Manuel Bompard dit continuer de préférer le "consensus" aux élections pour éviter "l'affrontement entre une majorité et des minorités".

"Alors que le moment appelle pour LFI à la cohésion et l'ouverture, la direction choisit la fermeture et le verrouillage", cingle auprès de l'AFP Clémentine Autain. "Fer de lance de la Nupes, notre mouvement a une responsabilité historique notamment dans la course contre l'extrême droite, mais le message envoyé est de nature à fragiliser le rassemblement".

Si la désignation de Manuel Bompard à la tête du mouvement est "naturelle car il sait très bien organiser", Eric Coquerel, président de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, affirmait aussi, vendredi, la "découvrir".

D'une manière générale, "il serait souhaitable que soit représentée dans la direction toute la nuance du mouvement", a plaidé l'élu de Seine-Saint-Denis - mais il n'a pas été entendu.

"Je n'ai été au courant de rien, aucune info, aucun coup de fil", peste en privé un autre pilier du groupe. "J'ai candidaté (pour l'un des pôles) et fait des propositions... sans réponse".

"Machin"

A côté de cette direction opérationnelle restreinte va être créé un "conseil politique", lieu de débat sur la stratégie composé d'élus, personnalités et cadres insoumis. Cette instance, sans dirigeant et à la fonction consultative, n'était pas prévue jusqu'à très récemment, témoignent plusieurs députés qui ont appris son existence cette semaine.

Qu'ils acceptent d'y siéger n'est pas acquis, prévient un poids lourd du groupe LFI. "Ils ont décidé de nous mettre dehors, du coup ils créent un machin pour faire diversion. Il se réunira tous les mois, c'est une blague..."

Et le même de critiquer un Manuel Bompard qui "s'est auto-désigné, a fait une direction à sa main - une purge - tout en détenant l'argent" de LFI.

Ces remous éclipsent les réformes devant "changer la nature du mouvement", dixit le nouveau dirigeant: création de boucles départementales pour que les groupes d'action locaux, jusque-là autarciques, communiquent entre eux; "contributions volontaires" que les militants pourront affecter eux-mêmes aux postes de dépenses locaux ou nationaux, achat de locaux dans les zones rurales et péri-urbaines pour tenter d'y rivaliser avec le Rassemblement national, création d'une école des cadres...

"Tout cela va dans le bon sens" pour ancrer et diversifier le mouvement, estime Eric Coquerel, même s'il ne se dit pas contre de futures élections internes parce que "les gens ont envie de donner leur avis".

"LFI a été créée (en 2016) pour des campagnes électorales, maintenant que nous avons 75 députés et sommes la première force de gauche, nous devons lui donner un cadre pérenne", résume l'ancien chef du Parti de gauche.

Jean-Luc Mélenchon, lui, a pris la parole dans la matinée devant l'Assemblée représentative, à laquelle les journalistes n'ont pas physiquement accès avant une conférence de presse à 18h.

Il va co-diriger avec la députée Clémence Guetté l'Institut La Boétie, think tank insoumis - et intègre la "coordination" du mouvement. Il veut rester la "clé de voûte" mais être moins directement "acteur", assure un intime du tribun qui a été trois fois candidat à la présidentielle.

Article original publié sur BFMTV.com

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