"Je n’ai pas pu m’empêcher de me lever" : Juliette Binoche très critique sur le discours de Jamel Debbouze

Cérémonie festive et apaisée, oui. Mais il y a bien sûr aussi quelques imprévus et coups d'éclat. Comme nous le relayions vendredi soir, la cérémonie a été interrompue à une reprise par une activiste climat, et provoquant une coupure de la retransmission en direct.

Quelques minutes auparavant, une autre forme d'interruption a eu lieu, ou pourrait-on dire d'irruption. En plein discours d'introduction mené par Jamel Debbouze (voir plus bas), Juliette Binoche s'est levée et a pris la parole.

N'ayant pas de micro, ses propos n'étaient pas ou peu audibles ("Je ne suis pas d'accord, je ne suis pas d'accord. On fait aussi des entrées"), mais laissaient à penser à une forme d'agacement. Séquence prévue ? Improvisée ? Pourquoi Juliette Binoche a-t-elle pris la parole ?

L'actrice s'est saisie de son compte Instagram pour s'expliquer sur ce moment qui a pu surprendre et nécessiter quelques explications.

"Je n’ai pas pu m’empêcher de me lever au moment où Jamel commençait à ricaner sur les films d’auteur, explique-telle dans un post. Même avec toutes les libertés que le stand up comics peut prendre, les films d’auteurs sont fragiles, difficiles à faire, nous avons la chance de pouvoir avoir une diversité formidable de films en France grâce aux diverses aides financières que le monde nous envie. Toute diversité doit s’exprimer."

"Non ! Désolé Jamel avec tout le respect et l’amour que j’ai pour toi, et tu le sais, je ne suis pas d’accord pour te laisser dénigrer ce cinéma là, ni ceux qui prennent le risque de le faire, c’est trop facile, poursuit-elle. Le cinéma d’auteur apporte un regard singulier, parfois nouveau, des tangentes différentes, qui a parfois des difficultés à trouver son public, qui fait moins d’entrées qu’Astérix, mais qui le trouve aussi. Et c’est bien comme ça. Donc non pas de ricanement. De la tolérance, et un peu d’appréciation des différences. ✨ T’as de la chance que je ne sois pas la sœur de Will Smith ;-) Morale de l’histoire : on ne peut pas dire n’importe quoi (même aux Césars !? Ben ouais)", finit-elle sur une pointe d'humour. Si l'actrice ne cache pas son agacement sur le fond du discours, il ne s'agit cependant pas d'une colère envers Jamel.

Pour contextualiser, Jamel a ironisé pendant son discours sur le succès du cinéma, et tenu des propos faisant écho par exemple avec des propos tenus dernièrement par Jérôme Seydoux de Pathé, à savoir la priorité à donner à des films à grand spectacle.

"Qu'est-ce qui marche en ce moment au cinéma ? Avatar, Asterix, Top Gun. Des cascades et des effets spéciaux. J'ai regardé nos films d'auteurs... Pas une cascade, pas un effet spécial. C'est normal ça. Non mais sérieusement vous voulez faire des entrées. Il faut booster nos scénarios, être plus créatifs", a-t-il lancé.

Revoir le discours complet ici :

Visiblement, Jamel Debbouze ne s'attendait pas à ce que Juliette Binoche parle en plein direct. "Je ne m'attendais pas à cette intervention", a-t-il dit au public des César. "Tu rajoutes des ninjas Juliette, sur la vie de ma mère on fait un malheur",a-t-il rétorqué. "Tu l'as pas vu le film" (Ndlr. Ouistreham d'Emmanuel Carrère, voir bande-annonce ci-dessus), a-t-elle alors répondu. "Je l'ai vu le film ! Qu'est-ce qui lui arrive à elle ? Vous lui avez écrit ça comme texte". Une séquence pleine de surprise donc, qui a donné le ton d'une cérémonie rythmée.

Pour aller plus loin sur le sujet du cinéma d'auteur au sein du cinéma français, nous vous invitons à découvrir cette interview des producteurs du film Saint Omer d'Alice Diop. Au micro d'AlloCiné, ils ont souhaité prendre la parole pour défendre une certaine exception française, permettant de faire exister des films comme Saint Omer, vainqueur du César du meilleur premier film.

Retrouvez le palmarès complet et le résumé de la 48e cérémonie des César en suivant ce lien. L'intégralité de la cérémonie est disponible en replay sur myCANAL, ainsi qu'un montage centré sur les temps forts.

Pour mémoire, La Nuit du 12 de Dominik Moll est le grand vainqueur de la soirée avec 6 statuettes remportées, dont meilleur film et meilleure réalisation.

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