"Vous n'êtes plus la bienvenue": une commerçante de Perpignan ciblée par un courrier raciste après les élections

Le courrier est ouvertement raciste. Une commerçante de Perpignan, dans les Pyrénées-Orientales, a reçu ce mercredi 3 juillet, dans sa boîte aux lettres, une lettre faisant référence aux résultats du premier tour des législatives, remporté par le Rassemblement national.

"Suite aux élections du 29 juin 2024 (le premier tour a eu lieu le 30 juin, NDLR), la situation à Perpignan a considérablement changé. Il apparaît que vous n'êtes plus la bienvenue dans cette ville. Dans ce contexte, il serait peut-être préférable de vendre votre propriété au plus vite", affirme cette lettre.

Le RN et ses alliés sont arrivés en tête du premier tour des législatives dimanche, avec plus de 10,6 millions de voix, soit 33,1% des suffrages, devant le Nouveau Front populaire (27,99%) et le camp présidentiel (20,8% des suffrages). Un score encore plus important à Perpignan même, où les candidats du RN ont obtenu entre 37,4 et 44,8% des voix.

Une lettre ouvertement raciste

La missive est nommément adressée à Brigitte Vumbi Borne, une sexagénaire née en République démocratique du Congo et qui habite en France depuis 58 ans.

"Une fois la vente conclue à une famille de bon Français de souche, je vous conseille de préparer votre départ pour l'Afrique", poursuit le courrier. Avant de devenir franchement menaçant: "votre bien-être personnel, ainsi que vos biens ne sont plus en sécurité", assurent ses auteurs, qui promettent un "nettoyage impitoyable et virulent du quartier afin d'en restaurer l'atmosphère catalane d'antan".

Cette lettre est signée par la "Division Marcel Bucard de Perpignan". Marcel Bucard est un collaborationniste qui a été condamné à mort et fusillé en 1946. Elle est aussi paraphée par le "Mouvement Populaire Français", avec le logo du Parti populaire Français, l'un de principaux partis collaborationnistes en 1941.

"Je ne partirai pas"

"Cette personne-là, elle ne m'aura pas, elle ne me fera pas peur", réagit Brigitte Vumbi Borne auprès de BFMTV. "Je ne partirai pas, c'est ma maison, je suis propriétaire."

"Que ça l'embête ou pas, je suis Française", ajoute la commerçante. "Je suis sur le territoire depuis très longtemps, je suis mariée, j'ai des enfants, je suis naturalisée française et ce n'est pas ma couleur de peau qui me définit."

"Il ne faut pas que, parce que certains partis politiques sont au pouvoir, ça autorise des gens à faire des choses ignobles", poursuit-elle en appelant à la "paix".

Le maire RN de Perpignan, Louis Aliot, a également réagi. Dans un communiqué, il a fustigé un "courrier absolument abject" et une "ignominie". Il assure Brigitte Vumbi Borne de son "soutien" et "demande au procureur de la République de bien vouloir ouvrir une enquête sur le sujet".

Une "libération" de paroles et d'actes racistes

Des témoignages ainsi que des associations alertent depuis quelques semaines sur une hausse des actes et paroles racistes. L'association SOS Racisme a par exemple affirmé que "ces dernières semaines, les scores et les discours de l'extrême droite ont libéré la parole et les actes racistes et antisémites".

Des candidats investis par le RN ont eux-mêmes été épinglés pour des propos à caractère raciste, sexiste, antisémite ou xénophobe tenus pendant la campagne ou par le passé, notamment sur les réseaux sociaux.

Interrogée à ce sujet, Marine Le Pen a dénoncé ce jeudi sur RMC-BFMTV "des propos qui sont inadmissibles et qui, très certainement, entraîneront des sanctions". "Il y a aussi des propos, pardon, mais qui sont des maladresses", a-t-elle tempéré, évoquant le cas d'autres candidats dont les propos ont suscité la polémique.

Article original publié sur BFMTV.com