« Une musique de droite » : le règne de la vulgarité

Les disputes à propos de l’esthétique ne sont pas nouvelles.  - Credit:AFP
Les disputes à propos de l’esthétique ne sont pas nouvelles. - Credit:AFP

Il n'y a pas si longtemps, dans les bonnes maisons, on ne parlait pas de politique à table avec des inconnus. Il en allait de la politesse, mais pas seulement. Les convives étaient contraints à se montrer créatifs, à élaborer une conversation de bonne tenue, à éviter, enfin, les propos de « comptoir ». Une chanteuse de talent a confondu la presse avec le bistro en s'en prenant, dans une interview, à Michel Sardou, apparemment infréquentable et inaudible parce qu'il serait de droite. Elle n'est pas la première à évaluer la qualité d'un artiste en fonction de ses convictions. Et si on cessait d'être vulgaire ?

Les disputes à propos de l'esthétique ne sont pas nouvelles. Le XIXe siècle a été un champ de bataille où les romantiques ont lancé l'assaut le soir de la première de Hernani. La suite est une succession d'affrontements plus ou moins virulents entre des bandes organisées autour de chefs, Honoré de Balzac, Victor Hugo, Émile Zola, les Goncourt, Stéphane Mallarmé, et dominés par un prince : Paul Verlaine. Pour virulents qu'ils furent, ces antagonismes n'étaient pas motivés par une idéologie sociale ou sociétale, mais par l'art : forme des poèmes, composition des vers, écriture, adjectifs, adverbes, sujets, dialogues, etc. C'était sophistiqué.

Quand le talent rassemblait

Le XXe siècle, qui commence avec la Première Guerre mondiale et la publication d'À la recherche du temps perdu, déplace l'objet des débats et les rapproche de la politique. Dans Nœuds de vie [...] Lire la suite