Muriel Mayette-Holtz : « La tragédie sert à mettre à distance ce qui nous fait peur »

Un Festival de tragédies, en 2024 ? Indispensable, dans un moment où « nous avons besoin de célébrer l'humanité dans ce qu'elle a de plus terrifiant mais aussi de plus beau : la puissance de l'âme, l'énergie sacrée des sentiments », s'enthousiasme Muriel Mayette-Holtz.
La comédienne et metteuse en scène, première femme à avoir dirigé la Comédie-Française dont elle fut l'administratrice générale de 2006 à 2014, aujourd'hui directrice du Théâtre national de Nice, l'a voulu et l'a lancé ce mercredi *, en plein air, dans l'écrin de l'amphithéâtre des arènes de Cimiez, avec un Phèdre qui lui tient particulièrement à cœur. Le Festival de tragédies du TNN a lieu jusqu'au 5 juillet.

À LIRE AUSSI À l'Opéra de Lyon, l'insoutenable légèreté de l'éternitéLe Point : Pourquoi avoir créé un Festival de tragédies ?

Muriel Mayette-Holtz : D'abord parce qu'il n'y en a pas en France et que j'ai eu l'occasion de mettre en scène Les Troyennes d'Euripide à Syracuse il y a quelques années. Et ces rendez-vous avec des grands textes tragiques sont très importants. Nous avons tous besoin de légèreté et de rire, mais aussi des grandes émotions, et le théâtre sert à mettre à distance ce qui nous fait peur, c'est-à-dire la part monstrueuse de l'humain. Il nous permet d'ouvrir nos cœurs, de toucher la part émotive et non pas intellectuelle du spectateur. Dans un moment où la planète se met en guerre de tous les côtés, où l'on a peur de l'avenir, on a besoin aussi de mettre l'Histoire en [...] Lire la suite