Mundial 1978 : les dessous de l'appel au boycott de la Coupe du monde de football en Argentine

24 mai 1978. Le Concorde s’arrache du tarmac de l’aéroport de Dakar, première des deux escales entre Paris et Buenos Aires. Cette fois ça y est, ils y vont. Dans l’appareil, les joueurs de l’équipe de France de football partent disputer la Coupe du monde de football en Argentine. L’ambiance est pourtant pesante. Dans l’hexagone, la compétition suscite l’indignation. "Je n’y allais pas de gaieté de cœur", concède Dominique Baratelli, gardien des Bleus. À ses côtés dans l’avion, plusieurs journalistes sont présents. "Il y avait une forme d’appréhension, se souvient Dominique Grimault, alors reporter au JDD. On ne savait pas où on allait débarquer." Comme plusieurs de ses collègues, et certains joueurs dont Michel Platini, il a subi des pressions : "des appels anonymes à minuit, dans lesquels on me disait que mon devoir était de ne pas aller dans l’Argentine de Videla."

Le général Jorge Rafael Videla est le plus connu du triumvirat qui a pris le pouvoir par les armes le 24 mars 1976 à Buenos Aires. Un rapport américain du 20 novembre 1977 estime que 6 000 personnes ont été exécutées depuis le coup d’État. À l’aube de la Coupe du monde, 12 à 17 000 prisonniers politiques croupissent dans de sinistres geôles où la torture est la norme. Les exactions sont connues à l’étranger et le régime ne s’en cache pas. En 1977, l’équipe de France s’y était rendue lors d’une tournée en Amérique du Sud. Alain Giresse en était. "Il y avait des militaires partout, raconte le Girondin. On avait été assez (...)

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