“Mouawiya”, la série saoudienne qui exacerbe les tensions entre sunnites et chiites

La période ô combien sensible de l’histoire musulmane qui précède l’accession au pouvoir du premier calife omeyyade, Mouawiya, en 661, a fait l’objet de moult ouvrages. Et pour cause. Mouawiya est l’une des figures les plus complexes de l’histoire musulmane [s’il jouit d’une bonne image chez les sunnites, il est abhorré par les chiites].

Qui plus est, cette période est [ponctuée de souvenirs douloureux], allant de l’assassinat du troisième calife, Othman, en 656, à la guerre civile entre adeptes et adversaires du quatrième calife, Ali, assassiné en 661. [Cette guerre civile préfigure le schisme entre sunnites et chiites, qui est jusqu’à aujourd’hui structurant du monde musulman.] D’où le nom Al-Fitna Al-Kubra, ou “la Grande Discorde”, pour désigner cette époque.

Envenimer l’animosité

C’est aussi le titre du livre publié entre 1947 et 1953 [et resté inédit en français] par le “doyen” de la littérature égyptienne Taha Hussein. Il y a exposé un point de vue véritablement à part sur la période, mais à l’époque personne ne lui a reproché de vouloir diviser l’oumma [la communauté musulmane].

En 1956, un autre livre [lui aussi non traduit] a été publié sur Mouawiya, par [l’auteur égyptien] Abbas Mahmoud Al-Akkad, qui le dépeint comme un dirigeant avisé. Là encore, il n’y a pas eu d’éruption de reproches l’accusant d’envenimer l’animosité entre sunnites et chiites.

Et quand, en 1992, [l’universitaire tunisien] Hicham Djaït a publié à son tour un livre percutant sur le même sujet*, pour rompre avec la vision traditionnellement tenue pour acquise, on n’a pas non plus assisté à la récupération de ce livre pour nourrir des penchants sectaires.

On pourrait citer d’autres exemples du passé pour montrer que ce qui se passe actuellement autour de ce même Mouawiya est révélateur des susceptibilités confessionnelles à fleur de peau dans le Moyen-Orient d’aujourd’hui.

Le schisme télévisuel

Il a en effet suffi que la chaîne saoudienne MBC annonce la diffusion d’un feuilleton sur ce même Mouawiya au cours du prochain mois de ramadan [à partir du 23 mars] pour que les polémiques enflent dans certains médias arabes et que d’aucuns descendent dans l’arène des réseaux sociaux pour se lancer dans les surenchères.

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