Mort de Vassilis Vassilikos, auteur du chef-d’œuvre « Z », adapté au cinéma par Costa-Gavras

DÉCÈS - Son œuvre avait été portée à l’écran avec Jean-Louis Trintignant et Yves Montand. Ce jeudi 30 novembre, l’auteur grec Vassilis Vassilikos est décédé à l’âge de 90 ans, laissant derrière lui une œuvre marquante, Z, roman-réquisitoire contre la dictature des colonels en Grèce adapté par Costa-Gavras au cinéma.

Comme annoncé par la fille de l’écrivain à l’AFP, Vassilis Vassilikos « était souffrant depuis plusieurs jours et était hospitalisé ». Euridice Vassilikou-Papantoniou n’a toutefois pas précisé la cause de la mort de son père.

Considéré comme son chef-d’œuvre, Z est paru en 1966, soit seulement un an avant l’arrivée au pouvoir de la junte en Grèce. Un roman depuis traduit dans 32 langues mais qui a surtout connu un éclairage médiatique d’ampleur avec son adaptation par le célèbre cinéaste franco-grec en 1969.

Adaptation légendaire

Le long-métrage a alors fait le tour du monde et remporté une myriade de prix, notamment le Prix du jury et le Prix d’interprétation masculine pour Jean-Louis Trintignant au Festival de Cannes 1969. Le film s’était également emparé de deux statuettes aux Oscars de 1970 (Oscar du meilleur film étranger et Oscar du meilleur montage).

Avec Jean-Louis Trintignant et Yves Montand dans les rôles-titres du juge d’instruction et du député « Z », le film comptait aussi Irène Papas ou encore Jacques Perrin à son casting. Pour compléter ce tableau, la musique de Z avait été composée par le compositeur et homme politique grec Mikis Theodorakis, à qui l’on doit également les musiques de Serpico, ou État de Siège de Costa-Gavras.

La femme du cinéaste, Michèle Costa-Gavras, s’est d’ailleurs émue de cette disparition de l’auteur de Z, évoquant un « choc émotionnel » après l’avoir vu « avant-hier ». Le couple s’est d’ailleurs rendu à Athènes pour voir leur « cher ami ».

Victime de la censure

Mais si le film de Costa-Gavras avait fait le tour du monde après sa sortie, Vassilis Vassilikos n’avait pas connu le même destin avec son roman. Un après sa sortie, l’artiste s’est retrouvé sur la liste des arrestations prioritaires de la police grecque. Il faut dire que son livre revenait un an plus tôt sur l’assassinat d’un député de gauche, Gregorios Lambrakis.

Restée interdite -comme le reste de son oeuvre- pendant les années de dictature militaire en Grèce, l’œuvre de Vassilis Vassilikos l’avait contraint à l’exil, notamment à Paris.

Avant d’écrire l’œuvre qui marqua à jamais sa carrière, il fut dans sa jeunesse élève au lycée français, en grand amateur d’auteurs comme André Gide, Jean-Paul Sartre ou Albert Camus. Passé un temps par la mise en scène pour le petit écran qu’il étudia aux États-Unis, il finit par revenir dans son pays natal et sa capitale Athènes.

Devenu journaliste et scénariste, avant de fuir son pays, il reviendra après la fin de la censure de ses oeuvres pour commencer un travail satyrique en tant que chroniqueur de presse. L’occasion d’écrire ses fameuses « fiches zoologiques » où il comparait les anciens tortionnaires du régime grec à divers animaux préhistoriques.

Chroniqueur de la Grèce contemporaine et militant socialiste infatigable jusqu’à la fin de sa vie, il fut d’ailleurs élu en 2019 -à 85 ans- député au parlement grec sous l’étiquette de Syriza, le principal parti d’opposition.

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