Mort de Pierre Soulages, le peintre avait 102 ans

Le peintre français aura été exposé de son vivant dans les plus grandes collections.

CULTURE - La disparition d’un monument. Ce mercredi 26 octobre, la mort du peintre français Pierre Soulages a été annoncée par son entourage et notamment Alfred Pacquement, ami de longue date et président du musée qui porte son nom à Rodez, dans l’Aveyron. L’inventeur de « l’outrenoir » était âgé de 102 ans et laisse derrière lui son épouse, Colette, avec qui il s’était marié en 1942.

Légende de l’art contemporain, il aura connu cette particularité d’être exposé de son vivant dans les plus belles collections et de devenir une valeur refuge dans le milieu de l’art. Il était notamment le seul Français à figurer parmi les dix peintres vivants les plus cotés. Une de ses toiles de 1961, correspondant à sa période rouge, a par exemple été vendue à 20,2 millions de dollars à New York en novembre 2021, dépassant de loin un précédent record.

Comme le rapportent nos confrères du Midi Libre, le peintre s’est plusieurs fois confié sur son rapport au noir, élément central de son œuvre. Il relatait notamment une anecdote à ce sujet : « Enfant, on m’avait interrogé sur un dessin à l’encre que j’avais décrit comme un paysage de neige. Ce qui avait fait rire tout le monde. En fait, pour faire ressortir le blanc, je mettais du noir. J’ai donc toujours aimé le noir. » Au point notamment de se dire marié vêtu comme sa femme de sa couleur fétiche.

Renommée mondiale et consécration au Louvre

« J’aime l’autorité du noir, sa gravité, son évidence, sa radicalité (...) Le noir a des possibilités insoupçonnées », expliquait-il encore en décembre 2019 à l’AFP. « C’est une couleur très active. On met du noir à côté d’une couleur sombre et elle s’éclaire. »

Très rapidement après la Seconde Guerre mondiale, Pierre Soulages a accédé à la notoriété. À la fin des années 1940, il disposait déjà du soutien de galeries à Londres et New York, et son nom était connu dans une large partie du monde occidental. Une célébrité qui s’envolera et deviendra ensuite mondiale à la fin des années 1950 et durant toutes les années 1960 avec de très nombreux voyages à travers la planète. Et il fera ainsi son entrée dans certains des plus prestigieux musées de la planète, tels le Guggenheim de New York ou la Tate Gallery de Londres.

Jusqu’à donc connaître la consécration avec une rarissime exposition au Louvre de son vivant. C’était en 2019, à l’occasion de ses cent ans. Et cela après avoir déjà été exposé à seulement 47 ans au Musée national d’art moderne de Paris ou encore s’être vu commander par l’État 100 vitraux pour l’abbatiale de Conques, qui seront inaugurés en 1994.

Au-delà de son rôle artistique, le colosse Soulages (1,90m et plus de 110 kilos) a aussi été le relais de préoccupations politiques. Il a notamment pris position en faveur de la paix en Algérie et au Vietnam, et se revendiquait « antifasciste » et « très républicain ».

Au micro de Public Sénat, le ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a évoqué ce mercredi « une grande perte pour le monde de l’art et pour la France ». Et d’ajouter : « Il était vu comme le peintre du noir, mais pour moi c’était le peintre de la lumière, quelqu’un qui a toujours repoussé les limites de la peinture. »

LIRE AUSSI

Soulages en noir et blanc

Les architectes du musée Soulages de Rodez remportent le prix Pritzker, considéré comme le Nobel d'architecture

VIDÉO - La Face Katché - Hom Nguyen, le cireur de chaussures devenu peintre star