Mort de Philippe Pozzo di Borgo, dont la vie avait inspiré « Intouchables »

Au côté de son auxiliaire de vie Abdel Sellou (à gauche), Philippe Pozzo di Borgo avait vu sa vie adaptée au cinéma par Éric Toledano et Olivier Nakache. Il est mort ce 2 juin 2023 à l’âge de 72 ans (photo d’archive prise à Cologne, en Allemagne, en mars 2013).
Au côté de son auxiliaire de vie Abdel Sellou (à gauche), Philippe Pozzo di Borgo avait vu sa vie adaptée au cinéma par Éric Toledano et Olivier Nakache. Il est mort ce 2 juin 2023 à l’âge de 72 ans (photo d’archive prise à Cologne, en Allemagne, en mars 2013).

DISPARITION - C’est un homme dont l’histoire était connue à travers le monde grâce au cinéma. Les réalisateurs Éric Toledano et Olivier Nakache ont annoncé sur les réseaux sociaux ce vendredi 2 juin la mort de Philippe Pozzo di Borgo, l’entrepreneur dont la vie a inspiré leur film Intouchables, qui a enregistré près de 20 millions d’entrées en France en 2011 et triomphé à l’international. L’homme d’affaires était âgé de 72 ans.

« Nous gardons l’image d’un homme courageux, digne, humble et combatif. Son humour et son intelligence vont nous manquer », écrivent les deux cinéastes et le comédien dans leur hommage également partagé par Omar Sy. « L’avoir côtoyé pendant toutes ces années fut un rare privilège. Nous tenterons de poursuivre l’ensemble de ses combats. »

Après le film de Toledano et Nakache, Omar Sy avait été Césarisé pour son interprétation d’Abdel Sellou, l’auxiliaire de vie qui accompagnait la vie de Philippe Pozzo di Borgo, paraplégique depuis trente ans à la suite d’un accident de parapente. « Ce film nous a fait prendre conscience de l’immensité du handicap dans la société, et particulièrement du très grand handicap », racontait l’homme d’affaires à nos confrères de Ouest France fin 2021 à propos d’Intouchables.

Opposé à l’euthanasie

Riche aristocrate d’origine corse, Philippe Pozzo di Borgo a écrit de nombreux livres au cours de sa vie, à commencer par Le Second souffle, qui racontait justement son adaptation à la vie d’après la paraplégie et la rencontre déterminante avec cet auxiliaire de vie, véritable bouée de sauvetage dans un quotidien devenu éreintant.

« La fragilité est un plus. Notre société utilise trop souvent la force pour trouver une solution à un problème. Ce n’est pas la bonne méthode », expliquait-il encore à Ouest France en décembre 2021. « Il faut considérer la fragilité, la différence, avec beaucoup d’attention, de tendresse, de respect et, surtout, avec l’intention d’en faire quelque chose. La fragilité bien assumée est en fait une école d’écoute à la différence. » Un thème qui lui était cher et sur lequel il avait donné plusieurs conférences.

Ces dernières années, Philippe Pozzo di Borgo s’était d’ailleurs exprimé sur des sujets de société, et notamment sur la question de la fin de vie. L’occasion de prendre fermement position contre l’euthanasie. Parrain du collectif « Soulager mais pas tuer », il remettait en cause cette porte de sortie choisie face à la douleur, déplorant notamment que les pouvoirs publics n’insistent pas davantage sur le renforcement des services de soins palliatifs.

« Moi-même, après mon accident, au sortir du coma, j’ai éprouvé ce besoin de mourir (…) L’euthanasie reflète une collectivité qui se délite et démissionne. Demander qu’on vous débranche, n’est-ce pas dénoncer l’incapacité d’une société à apporter le réconfort à l’extrémité de la vie ? » interrogeait-il notamment dans l’un de ses ouvrages, comme le rappelle Le Parisien.

Un plaidoyer qu’il martelait encore dans son interview à Ouest France : « Je préférerais qu’on fasse de l’accompagnement pour la fin de vie. C’est une façon digne pour l’humanité. Sinon on rentre dans des déviances qui paraissent très dangereuses. »

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